Mais si on nous dis qu’il y a un pays démocratique où l’électricité a été coupé étrangement dans plus de 40 villes au moment du comptage des bulletins de vote? Avouons que cela paraît bizarre.

Forçons encore notre imagination, n’est-il pas hallucinant de voire un pays où les bulletins de vote sont recomptés au moins seize fois?

N’en restons pas là, préparez vous à entendre que les résultats d’une ville kurde sur la frontière avec la Syrie ont été changés après la coupure d’électricité  et qu’un candidat qui a des liens suspects avec Al-Qaïda est arrivé en tête!

Ajoutons également que des milliers de bulletins de vote ont été volés ou brulés dans plusieurs villes, ne donnant pas lieu à l’annulation des élections, alors que tous les recours introduits par un parti au pouvoir ont été acceptés par des commissions électorales.

LES ELECTIONS MUNICIPALES LES PLUS CONTESTEES

Ce n’est rien que la face visible de l’iceberg. En bref, le parti du premier ministre Recep Tayyip Erdoğan en Turquie était “vainqueur” des élections municipales du 30 mars, malgré les scandales de corruption, sa politique répressive et son autoritarisme.

Mais pour le candidat BDP d’Urfa et l’ancien maire de Diyarbakir, Osman Baydemir, il s’agit des élections les plus sombres de l’histoire de la République turque.

C’est sans doute les élections municipales les plus contestées. Après avoir constaté des fraudes massives, le parti kurde BDP et des autres partis présents dont le parti au pouvoir ont demandé un nouveau comptage des votes dans plusieurs villes.

Le BDP est sorti gagnant de ces élections, multipliant ses mairies, remportant notamment trois nouvelles provinces, en dépit d’une campagne électorale injuste face à un gouvernement qui contrôle une armée de medias et utilisent tous les moyens de l’Etat sans aucune transparence.  Le BDP est arrivé en tête dans au moins 102 villes, soit onze provinces, 68 districts et 23 communes.

Par contre, les résultats des plusieurs villes kurdes remportés par l’AKP d’Erdogan restent douteux, notamment dans des villes comme Ceylanpinar, Kozluk, Ahlat, Hasankeyf, Birecik et Kagizman, sans compter les résultats contestés des villes situées à l’ouest de la Turquie.

COUVRE-FEU A CEYLANPINAR

A Ceylanpinar, où des milliers de bulletins de vote ont été retrouvés brulés, de violents heurts ont éclaté le 1er avril lors d’une manifestation pour dénoncer les fraudes, la violence policière et le refus de la commission électorale concernant les recours du BDP.

Il s’agit d’une ville stratégique, située sur la frontière avec le Kurdistan syrien, où les “djihadistes” d’Al-Qaïda utilisaient comme base arrière jusqu’à la reprise par des combattants Kurdes de la ville voisine de Serêkaniyê (Rass al-Ain), sur l’autre coté de la frontière, en juillet 2013. La présence des membres du Front al-Nosra et d’autres groupes armés sont toujours visibles dans cette ville.

Les résultats des élections ont été modifiés en faveur de l’AKP après la coupure d’électricité, alors que le BDP était en tête.  Pour réprimer la contestation des résultats, un couvre-feu a été décrété à Ceylanpınar. Toute manifestation a été interdite pendant 30 jours.

L’autre aspect important des ces élections, c’est le profil du candidat AKP qui a des relations très suspectes avec des extrémistes d’Al-Qaïda. En aout 2013, plusieurs photos montrant le candidat AKP Menderes Atilla et les responsables locaux de l’AKP réunis avec les « djihadistes » d’al-Nosra à Ceylanpinar, avaient étaient publiées (lire ici: AKP et Al-Qaïda sur une même photo)

LES BULLETINS DE VOTE RECOMPTES SEIZE FOIS A AGRI

Agri, sur la frontière avec le Kurdistan iranien, les bulletins de vote ont été recomptés pour la seizième fois en une semaine, après la victoire annoncée du BDP. C’est  du jamais vu. Le gouvernement AKP a mis en ouvre tous ses moyens pour reprendre cette ville. La ville a été mise en état de siège, avec l’envoie de nombreux policiers et de blindés depuis des villes voisines.

Cette intervention afin de modifier les résultats du scrutin en faveur de l’AKP a déclenché des manifestations dans plusieurs villes kurdes. Finalement, les élections ont été annulées dans la ville d’Agri après le recours du BDP.  Les nouvelles élections auront lieu le 1er juin.  

En outre, un adolescent kurde de 15 ans a été grièvement blessé le 2 avril par une grenade de gaz lacrymogène tirée par la police turque à Birecik, dans la province d’Urfa, lors des manifestations contre les fraudes menées par l’AKP durant les élections municipales.

C’est le refus de la commission électoral de recompter les votes dans la ville kurde de Birecik qui a donné lieu à des heurts avec les forces de l’ordre. Selon le parti kurde BDP, de nombreux cas de fraude ont été signalés, comme des votes au nom des personnes qui ne vivaient pas dans la ville, mais à l’étranger, et l’annulation de 1.750 votes. Le BDP voulait un nouveau comptage pour cette ville où l’AKP est arrivé en tête. Le recours du BDP a été refusé.

La tension reste forte dans le pays après les élections municipales,  que le premier ministre Recep Tayyip Erdogan veut en profiter pour se blanchir des accusations de corruption et poursuivre sa politique trompeuse et répressive.  

Maxime Azadi

Publié par ActuKurde

 

Mais si on nous dis qu’il y a un pays démocratique où l’électricité a été coupé étrangement dans plus de 40 villes au moment du comptage des bulletins de vote? Avouons que cela paraît bizarre.

Forçons encore notre imagination, n’est-il pas hallucinant de voire un pays où les bulletins de vote sont recomptés au moins seize fois?

N’en restons pas là, préparez vous à entendre que les résultats d’une ville kurde sur la frontière avec la Syrie ont été changés après la coupure d’électricité  et qu’un candidat qui a des liens suspects avec Al-Qaïda est arrivé en tête!

Ajoutons également que des milliers de bulletins de vote ont été volés ou brulés dans plusieurs villes, ne donnant pas lieu à l’annulation des élections, alors que tous les recours introduits par un parti au pouvoir ont été acceptés par des commissions électorales.

LES ELECTIONS MUNICIPALES LES PLUS CONTESTEES

Ce n’est rien que la face visible de l’iceberg. En bref, le parti du premier ministre Recep Tayyip Erdoğan en Turquie était “vainqueur” des élections municipales du 30 mars, malgré les scandales de corruption, sa politique répressive et son autoritarisme.

Mais pour le candidat BDP d’Urfa et l’ancien maire de Diyarbakir, Osman Baydemir, il s’agit des élections les plus sombres de l’histoire de la République turque.

C’est sans doute les élections municipales les plus contestées. Après avoir constaté des fraudes massives, le parti kurde BDP et des autres partis présents dont le parti au pouvoir ont demandé un nouveau comptage des votes dans plusieurs villes.

Le BDP est sorti gagnant de ces élections, multipliant ses mairies, remportant notamment trois nouvelles provinces, en dépit d’une campagne électorale injuste face à un gouvernement qui contrôle une armée de medias et utilisent tous les moyens de l’Etat sans aucune transparence.  Le BDP est arrivé en tête dans au moins 102 villes, soit onze provinces, 68 districts et 23 communes.

Par contre, les résultats des plusieurs villes kurdes remportés par l’AKP d’Erdogan restent douteux, notamment dans des villes comme Ceylanpinar, Kozluk, Ahlat, Hasankeyf, Birecik et Kagizman, sans compter les résultats contestés des villes situées à l’ouest de la Turquie.

COUVRE-FEU A CEYLANPINAR

A Ceylanpinar, où des milliers de bulletins de vote ont été retrouvés brulés, de violents heurts ont éclaté le 1er avril lors d’une manifestation pour dénoncer les fraudes, la violence policière et le refus de la commission électorale concernant les recours du BDP.

Il s’agit d’une ville stratégique, située sur la frontière avec le Kurdistan syrien, où les “djihadistes” d’Al-Qaïda utilisaient comme base arrière jusqu’à la reprise par des combattants Kurdes de la ville voisine de Serêkaniyê (Rass al-Ain), sur l’autre coté de la frontière, en juillet 2013. La présence des membres du Front al-Nosra et d’autres groupes armés sont toujours visibles dans cette ville.

Les résultats des élections ont été modifiés en faveur de l’AKP après la coupure d’électricité, alors que le BDP était en tête.  Pour réprimer la contestation des résultats, un couvre-feu a été décrété à Ceylanpınar. Toute manifestation a été interdite pendant 30 jours.

L’autre aspect important des ces élections, c’est le profil du candidat AKP qui a des relations très suspectes avec des extrémistes d’Al-Qaïda. En aout 2013, plusieurs photos montrant le candidat AKP Menderes Atilla et les responsables locaux de l’AKP réunis avec les « djihadistes » d’al-Nosra à Ceylanpinar, avaient étaient publiées (lire ici: AKP et Al-Qaïda sur une même photo)

LES BULLETINS DE VOTE RECOMPTES SEIZE FOIS A AGRI

Agri, sur la frontière avec le Kurdistan iranien, les bulletins de vote ont été recomptés pour la seizième fois en une semaine, après la victoire annoncée du BDP. C’est  du jamais vu. Le gouvernement AKP a mis en ouvre tous ses moyens pour reprendre cette ville. La ville a été mise en état de siège, avec l’envoie de nombreux policiers et de blindés depuis des villes voisines.

Cette intervention afin de modifier les résultats du scrutin en faveur de l’AKP a déclenché des manifestations dans plusieurs villes kurdes. Finalement, les élections ont été annulées dans la ville d’Agri après le recours du BDP.  Les nouvelles élections auront lieu le 1er juin.

En outre, un adolescent kurde de 15 ans a été grièvement blessé le 2 avril par une grenade de gaz lacrymogène tirée par la police turque à Birecik, dans la province d’Urfa, lors des manifestations contre les fraudes menées par l’AKP durant les élections municipales.

C’est le refus de la commission électoral de recompter les votes dans la ville kurde de Birecik qui a donné lieu à des heurts avec les forces de l’ordre. Selon le parti kurde BDP, de nombreux cas de fraude ont été signalés, comme des votes au nom des personnes qui ne vivaient pas dans la ville, mais à l’étranger, et l’annulation de 1.750 votes. Le BDP voulait un nouveau comptage pour cette ville où l’AKP est arrivé en tête. Le recours du BDP a été refusé.

La tension reste forte dans le pays après les élections municipales,  que le premier ministre Recep Tayyip Erdogan veut en profiter pour se blanchir des accusations de corruption et poursuivre sa politique trompeuse et répressive.

Maxime Azadi

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