Le Parlement européen a condamné jeudi la détérioration de l’Etat de droit en Turquie et réclamé la fin de l’état d’urgence, prétexte à des arrestations jugées arbitraires d’opposants et de journalistes.

Réunis en session plénière à Strasbourg, les députés européens ont adopté à main levée une résolution faisant part de leur “vive inquiétude devant la détérioration en cours des libertés et droits fondamentaux et de l’Etat de droit en Turquie”.

Selon le Parlement, l’état d’urgence instauré depuis le putsch manqué de juillet 2016 “est actuellement utilisé pour museler les dissidents et va bien au-delà des mesures légitimes de lutte contre les menaces pour la sécurité nationale”.

“La tentative de coup d’État manquée sert actuellement de prétexte pour bâillonner l’opposition légitime et pacifique et empêcher les médias et la société civile (…) d’exercer pacifiquement leur liberté d’expression”, protestent les parlementaires.

Le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré considérer cette résolution, basée sur des “affirmations sans mérite”, comme “nulle et non avenue”.

“Prendre des mesures comme l’état d’urgence, nécessaire afin d’éliminer complètement les menaces contre l’existence de notre Etat et le droit à une vie démocratique de notre nation, est notre devoir et notre droit le plus naturel”, affirme-t-il dans un communiqué, soulignant que certains pays européens ont eux aussi appliqué l’état d’urgence.

Ankara estime ces mesures nécessaires pour lutter à la fois contre la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le groupe Etat islamique (EI) et les réseaux soupçonnés d’implication dans le coup d’Etat manqué de juillet 2016.

Mardi devant les députés, la diplomate en chef de l’Union européenne Federica Mogherini avait également dénoncé la prolongation de l’état d’urgence. “La tendance négative sur la situation des droits de l’Homme dans le pays ne s’est pas inversée” avait-t-elle déploré.

Condamnant les récentes arrestations d’opposants à l’intervention militaire turque à Afrine (nord-ouest de la Syrie), le Parlement européen se dit aussi “vivement préoccupé par les conséquences humanitaires” de cette offensive et met en garde “contre la poursuite d’actions disproportionnées”.

A Afrine, Ankara lutte contre les Unités du protection du peuple (YPG) une milice alliée des Etats-Unis mais que la Turquie considère comme “terroriste”.

Répétant prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que les civils ne soient affectés par cette offensive, le ministère turc des Affaires étrangères a estimé que ces critiques “montrent que certains membres de l’UE ne comprennent pas l’importance vitale que revêt cette lutte pour l’Europe”.

Les dirigeants de l’Union européenne doivent rencontrer le président turc Recep Tayyip Erdogan le 26 mars à Varna, en Bulgarie, pour faire le point sur les relations entre l’UE et la Turquie. (AFP, 10 février 2018)

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