Publié par Kedistan, janvier 29, 2017

Voici les “chroniques de la révolution kurde”, présentées par Ronahi TV. Un retour sur la quinzaine du 22 au 29 janvier 2017. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trouverez ici, chaque semaine.

Vous pouvez également visionner séparément les quelques vidéos incluses dans le texte complet du journal.

Vidéo du journal francophone complet et textes en français

Gros titres

  • VICTOIRE DE KOBANI : 2ème anniversaire
  • KOBANI : Témoignage d’anciens combattants
  • JANVIER 2014 : Déclaration de l’administration autonome
  • SUR LE FRONT DE RAQQA : Poursuite des combats
  • RÉGION DE SHEHBA  : Nouvelles attaques de la Turquie
  • DANS LES CANTONS KURDES : Une semaine de violences
  • SYSTÈME FÉDÉRAL DE LA SYRIE DU NORD : Travail diplomatique
  • TURQUIE : Vers le référendum
  • GRANDE-BRETAGNE, ALLEMAGNE, FRANCE : Que font les autorités ?
  • PACE-ECHR : Réactions

VICTOIRE DE KOBANI
2ÈME ANNIVERSAIRE

Souvenons-nous : le 26 janvier 2015, les forces kurdes chassaient définitivement le Daesh de la ville de Kobani. Cette journée historique a marqué la fin des conquêtes du Daesh. La victoire de Kobani a aussi fait connaitre au monde entier la résistance menée par un peuple, un peuple dont la conscience démocratique et la passion de la liberté ont eu raison du fanatisme et du culte de la mort de Daesh.

En juin 2014, le Daesh lançait son offensive sur la ville de Mossoul. Là, Daesh avait pris possession de tous les arsenaux de guerre remplis de matériel américain, et abandonnés là par les soldats irakiens en déroute.
C’est donc une armée hyper-équipée, forte de succès répétés, qui envahit les campagnes autour de la ville de Kobani un mois plus tard, le 2 juillet 2014 . De longs convois d’armes et de combattants arrivent de Mossoul, sur des routes désertiques, sans qu’aucun avion n’entrave leur progression. Tous les villages autour de Kobani sont capturés par le Daesh. Les habitants s’enfuient vers la ville ou sont massacrés.
Le 16 septembre, Daesh est aux portes de la ville. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, prédit la chute de Kobani en trois jours. Mais de quartier en quartier, de rue en rue, de maison en maison, les combattants kurdes des unités YPG et YPJ accusent le premier choc de la confrontation. Bientôt acculés près du poste frontière de Mursitpinar, les résistants kurdes vont reprendre le chemin de l’offensive, après avoir épuisé les forces du Daesh.
Des héros vont s’illustrer, dont une femme qui marquera à jamais la volonté et le courage des combattantes YPJ ; il s’agit de Miran Arkan. Elle se jette le 5 octobre sur un groupe de combattants de Daesh qui l’avaient encerclée, et se fait exploser, tuant net ses agresseurs.
Elle confiait à un de ses camarades, peu de temps avant sa mort, qu’elle n’avait qu’un seul choix : la liberté ou la mort. Si elle ne pouvait pas avoir la première, alors elle voulait la seconde. Car personne ne pouvait en faire une prisonnière.
Miran Arkan illustre le moral et la mentalité des résistants de Kobani. Une résistance qui trouve sa force dans le projet démocratique du leader kurde Abdullah Ocalan.
C’est cette volonté de justice, de liberté et d’égalité qui a permis de défaire le Daesh, bien plus que toute la technique des armes les plus modernes.

KOBANI
TÉMOIGNAGE D’ANCIENS COMBATTANTS

Ils sont nombreux, les combattants de Kobani qui participent aujourd’hui encore à l’effort militaire pour nettoyer la Syrie de toutes les bandes de fanatiques. Parmi ces héros, des soldats arabes, des combattantes kurdes ou encore des militants communistes de Turquie. Voici les témoignages de quelques-uns d’entre eux.

Mihemed Abu Adil est le commandant de la brigade Shams al Shemal ; Il se bat aujourd’hui sur le front de Raqqa, mais il a participé à la bataille de Kobani.
Il explique que le Daesh jouissait d’une supériorité en armes et en combattants ; ils attaquaient la ville avec des armes lourdes, des tanks, des pièces d’artillerie et des roquettes. De leur côté, les défenseurs n’avaient que des kalachnikovs et des grenades. Un moment, les défenseurs étaient repliés sur deux rues, mais jamais Kobani n’est tombé : nous avions, dit le commandant, un esprit d’unité, de solidarité et de sacrifice.

Cudi Firat, un combattant issu du MLKP, le parti communiste marxiste-léniniste de Turquie, voulait venir à Kobani, qu’il appelle la forteresse de la révolution.
Il a combattu en dessous de la colline de Mishtenur. Avec 6 autres combattants, il devait défendre une large zone que Le Daesh voulait conquérir.
Pour Cudi Firat, l’Etat turc était dérangé par l’alternative du système cantonal mis en place au Rojava. Ce système est une alternative pour les populations opprimées et il pourrait devenir une alternative pour les peuples. C’est la raison pour laquelle l’Etat turc a voulu détruire la révolution du Rojava, dans son cœur, à Kobani. Pour y arriver, l’Etat turc a soutenu le daesh, le front Al nosra ou encore la brigade sultan Murat.
Mais la résistance menée par les unités YPG et YPJ a été la meilleure réponse à la colonisation et à l’occupation de la Turquie, qui tentait avec le Daesh de mener Kobani à la reddition.
Kobani est la meilleure réponse apportée aux dictatures réactionnaires qui provoquent depuis des siècles des bains de sang au Moyen-orient. Kobani, ce sont des valeurs, c’est l’union des peuples, l’union des opprimés, des jeunes, des femmes.

JANVIER 2014
DÉCLARATION DE L’ADMINISTRATION AUTONOME

Un an tout juste avant la libération de la ville de Kobani, les 3 cantons kurdes de Cizré, de Kobani et d’Afrin avaient officiellement mis en place la première pierre du nouveau projet politique du Rojava : la déclaration des administrations autonomes : Trois ans plus tard, la population se souvient et célèbre ces journées historiques.
Les trois cantons kurdes ont lancé le grand coup d’envoi de la démocratisation des régions du nord de la Syrie en proclamant officiellement, l’un après l’autre, la constitution d’une administration autonome propre à chaque canton.
Le premier canton, Cizre, a inauguré son administration autonome le 22 janvier 2014; le 27, c’était le canton de Kobani et le 29 janvier, le canton d’Afrin.
Cette administration autonome des cantons kurdes du Rojava a permis de répondre aux problèmes d’ordre économique, social, sanitaires ou éducatifs des habitants libérés de la tyrannie du régime.
De nouvelles mesures ont été mises en place en ce qui concerne la justice sociale, la défense des femmes, le droit des médias. Un des aspects importants de cette administration a également été de répondre militairement aux agressions extérieures, qu‘elles proviennent du régime syrien ou des différentes bandes armées qui sévissent en syrie.
Cette administration est le cœur de ce qui est aujourd’hui devenu le système fédéral démocratique de la syrie du nord. Les habitants peuvent enfin se prononcer souverainement sur leur avenir et sur toutes les questions qui les engagent directement.
Des comités de quartiers, des comités de femmes, des comités de jeunes sont mis en place, qui comités qui ont le dernier mot en ce qui concerne le choix de vie des habitants. C’est une démocratie communale, où le pouvoir est placé au plus près du citoyen.
Un texte fondateur est cependant inviolable : c’est le « contrat social ». Dans ce contrat sont reprises toutes les dispositions garantissant l’égalité des citoyens, quel que soient leur origine, leur langue, leur religion ou leur sexe.

SUR LE FRONT DE RAQQA
POURSUITE DES COMBATS

Les Forces démocratiques syriennes poursuivent leur offensive pour libérer la ville de Raqqa, le bastion du daesh en syrie. La ville de Suweydiyé, à l’ouest de Raqqa, a été libérée dimanche dernier.

Suweydiyê, c’est cette ville située à l’embouchure du lac Assad, juste au-dessus du barrage de Tabqa. C’est dans cette ville que Daesh avait installé son centre pour les attaques à la voiture piégée.
Les combats ont fait au moins 85 morts du côté du Daesh. De grosses quantités d’armes et de munitions ont également été saisies.
Le lendemain de la libération de la ville, une contre-offensive de daesh a été repoussée par les combattants des FDS.
Mercredi, une nouvelle attaque du daesh était repoussée, laissant sur le sol 12 autres membres du daesh, morts.
Maintenant, il s’agit comme toujours après une victoire de sécuriser les zones libérées et de procéder au déminage des terres et des habitations.

Signalons que lors de la reprise de la ville de Suweydiyê, un combattant des brigades internationales, Paolo Todd, surnommé Kawa amed, a été tué ce 15 janvier. Il était originaire de la ville de los Angeles, aux Etats-Unis.
Mais les effectifs militaires des FDS ne cessent de croitre. 132 nouveaux combattants tous originaires de la ville de Raqqa ont terminé leur formation à l’académie militaire du martyr Abu Leyla. Ils ont promis lors de la cérémonie qui a marqué la fin de leur formation d’être fidèles jusqu’à la mort pour la construction d’une Syrie démocratique.

RÉGION DE SHEHBA
NOUVELLES ATTAQUES DE LA TURQUIE

Dans la région de Shehba, l’armée turque poursuit ses attaques. La ville de Bab a encore été pilonnée. Les civils fuient en masses les exactions des troupes turques.

Sous le prétexte des combats menés contre le Daesh, l’armée turque réduit la ville de Bab en ruines.
Ce jeudi, une nouvelle attaque aérienne tuait encore dix civils, parmi lesquels une femme et un enfant. Selon les chiffres de l’observatoire syrien des droits de l’homme, le nombre de victimes civiles tués par les frappes turques depuis le début des opérations autour de Bab, le 13 novembre 2016, s’élève à 303, dont une soixantaine sont des enfants.
En début de semaine, les autorités du canton kurde d’Afrin accueillaient encore 450 nouveaux réfugiés qui quittent les combats autour de Bab.

Du côté turc de la frontière, on prépare l’envoi de nouveaux occupants pour pallier aux difficultés des forces d’occupation turques. 450 syriens ont ainsi été formés par les forces armées turques pour consolider les positions turques en Syrie. Sur ces images, on les voit, dans un des camps militaires turcs, chanter en rangs « Allah, Allah au nom d’Allah, Longue vie à Erdogan, longue vie à la Syrie libre »
Selon les informations du journal Yeni Safak, les autorités turques prévoient la formation de 5000 syriens pour les envoyer dans la région de Bab, sous les couleurs des bandes armées du Feylaq al Sham, du Ahrar al Sham, et du Jabhat al Shamiye.
Du côté de la ville de Minbij, ce sont plus de 2000 réfugiés qui sont venus à se mettre à l’abri des attaques du Daesh. Ils sont arrivés par petits groupes et ils ont été accueillis par les représentants du conseil militaire de la ville de Minbij. Ils ont ensuite été envoyés dans des zones sécurisées de la ville.

Au sud de la ville de Minbij, le daesh a attaqué pendant la nuit de lundi à mardi les villages de Til Hodan et de Cib Mexzum. 4 civils ont été tués lors de l’attaque, dont deux enfants. Immédiatement, les forces du conseil militaire de Minbij sont intervenues, et ont repoussé l’attaque du Daesh. Au matin, il y avait 14 membres du Daesh tués.

DANS LES CANTONS KURDES
UNE SEMAINE DE VIOLENCES

Tout au long de la frontière entre le Rojava et la Turquie, les forces armées turques et leurs mercenaires locaux multiplient les agressions. Attentat à la bombe, tirs sur des réfugiés, frappes d’artillerie, se sont succédés tout au long de la semaine.

Deux bombes posées le long de la route, à hauteur de Til Hemis, ont explosé lundi au passage de deux véhicules. Lors de la première explosion, trois civils ont été tués, dont un enfant, et lors de la seconde explosion, c’est une moto sur laquelle se trouvaient deux passagers qui a été soufflée.

Le lendemain, mardi, les bandes armées qui travaillent pour la Turquie ont tiré au canon depuis la ville d’Azaz sur le village de Kefer Cene, dans le canton d’Afrin. 4 obus sont venus percuter le centre du village, y causant d’importants dégâts matériels.

Toujours aux abords du canton d’Afrin, à Shera, les soldats turcs sont entrés sur le sol syrien sur une profondeur de 600 mètres et ils y ont arrachés plus de 200 oliviers.

Mercredi, un groupe de réfugiés arabes tentait de passer la frontière turque à hauteur du village de Xizeyil, à 50 km de la ville de Sérikanié. Les soldats turcs ont ouvert le feu, tuant deux civils et en blessant 6 autres. Tous les blessés ont été emmenés à l’hôpital de Sérikanié par les combattants YPG qui gardent la frontière.

Et puis, ce vendredi, les soldats turcs ont repéré des civils qui se déplaçaient trop près de la frontière en voulant rejoindre leur village, à Mezra, près de la ville de Derik. Ils ont donc ouvert le feu, tuant deux autres civils et en blessant 5. Quand les habitants ont voulu se porter au secours des victimes, ils ont eux aussi été pris pour cible. 4 blessés ont pu être ramenés à l’hôpital de Derik, mais les deux personnes tuées ainsi que le dernier blessé ont dû rester sur place, à cause des tireurs de l’armée turque positionnés le long de la ligne frontière.

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Toujours à Afrin, le bureau de répression du crime a découvert une fabrique de drogues et un entrepôt pour la contrebande de pièces d’antiquités.
Les policiers kurdes ont trouvé des poteries anciennes, des pièces de cristal, 33 sacs de perles. Soit 900 pièces historiques qui devaient repartir vers le marché turc.
Mahrakan Sheikh Isa, la responsable de la brigade criminelle, a interrogé l’une des 5 personnes qui travaillait dans cet atelier. Il s’agit d’un homme de 45 ans, qui a expliqué que le matériel destiné à la fabrication de la drogue était fourni par l’Etat turc. Ce sont aussi, a dit le prisonnier, les responsables de l’Etat turc qui facilitent le passage des objets d’arts.

SYSTÈME FÉDÉRAL DE LA SYRIE DU NORD
TRAVAIL DIPLOMATIQUE

Après l’échec annoncé de la conférence d’Astana, au Kazakhstan, les représentants du système fédéral du nord de la syrie poursuivent leurs visites. Des contacts positifs ont été noués avec les responsables de la nouvelle administration Trump, et une délégation kurde a pu rencontrer après la conférence d’Astana le ministre russe des affaires étrangères, Serguei Lavrov.

La conférence d’Astana, organisée sous l’autorité de la Turquie, de la Russie et de l’Iran, a fait long feu. Elle s’est soldée par un nouvel échec. Il fait dire que les Kurdes n’y étaient même pas représentés.
Et dès jeudi, la Russie invitait des représentants du Rojava à Moscou. Khalid Issa a rencontré le ministre russe des affaires étrangères, Serguei Lavrov. Pour le représentant kurde, la conférence d’Astana n’était qu’une réunion de chefs de bandes avec le régime. L’opposition démocratique n’y était pas représentée.
Après la réunion, Khalid issa a évalué la réunion où il s’était entretenu avec les responsables russes. Il y a été question de la nouvelle constitution de la Syrie et de la préparation de la conférence de Genève IV.
Cette nouvelle conférence de Genève aura lieu le 28 février. Il est apparu clairement lors de la réunion que des négociations pacifiques ne pouvaient se faire sans les Kurdes et sans le parti PYD. Et quand les groupes pro-turcs ont compris que l’on débattrait du projet de l’autonomie démocratique, ils se sont retirés de la réunion.
Au début, les responsables russes prévoyaient accorder une autonomie culturelle pour la population kurde. Une telle position a été rejetée par le représentant kurde, pour qui il faut défendre le projet de fédéralisme démocratique du nord de la Syrie. Ce projet, a rappelé Khalid Issa, est bien plus adapté à la réalité multiculturelle de la Syrie.
La réunion avec les autorités russes s’est conclue positivement, quand il a été posé que la paix ne pouvait revenir dans une Syrie démocratique qu’avec le projet fédéraliste.

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A Washington, la co-présidente du conseil démocratique syrien, Ilhem Ahmed, avait rencontré la semaine dernière les responsables du congrès américain, ceux du département d’Etat ainsi que l’envoyé spécial des Etats-Unis pour la coalition globale contre le Daesh.
Avec les membres du congrès, il a été question du système de l’administration autonome, de la liberté des femmes, et de la nécessité d’une fédération qui préserve la fraternité des peuples de la région.
Ilham Ehmed a aussi évoqué l’invasion turque du nord de la Syrie, une invasion qui vise à déstabiliser le système démocratique. Elle a aussi relevé tous les obstacles que le gouvernement d’Erdogan mettait sur le chemin de la résolution de la crise syrienne. Sous prétexte de se battre contre le PKK, a-t-elle dit, les forces turques s’en prennent aux Kurdes et aux populations du nord de la Syrie, à ceux-là mêmes qui ont infligé les plus grosses défaites à Daesh.
Avec Brett Mc Gurk, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour la coalition contre le Daesh, la délégation du Rojava a discuté des mécanismes de collaboration à mettre en œuvre avec la nouvelle administration américaine. Le combat contre Daesh et contre Al-Qaïda en Syrie y a encore été discuté.
Au sortir de ces réunions, Ilham Ehmed a estimé que l’attitude des américains concernant la fédération était positive.

TURQUIE
VERS LE REFERENDUM

En attendant le référendum constitutionnel qui aura lieu début avril, les autorités turques continuent d’enfermer les opposants. Les exécutions extrajudiciaires se multiplient sur fond de crimes de guerre.

Le parlement turc a adopté ce 21 janvier des amendements constitutionnels pour passer d’un régime parlementaire à un régime présidentiel. Il ne reste plus qu’à soumettre ces changements à un référendum qui sera organisé début avril. Tout est déjà prêt pour que cela soit un succès pour le président Erdogan.

Ferhat Tunç est un chanteur kurde ; La police l’a arrêté à son domicile ce mardi matin. Une enquête est menée pour une prétendue insulte envers un député AKP dans un tweet.

Arzu Demir est journaliste. Elle a écrit deux livres qui traitent de la révolution du Rojava et des combattantes de la guérilla.
Deux livres… la Cour criminelle d’Istanbul a tranché. Ce sera 6 ans de prison ferme.

A Urfa, Mehmet Ok, Ekrem Erdil, Huseyin Erdil, Muslum Kahraman et Abdullah Kahraman ont partagé des documents sur les réseaux sociaux. La police est arrivée jeudi matin à leurs domiciles. Ces 5 hommes ont tous été emmenés à l’unité anti-terroriste d’Urfa.

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A Van, quand les forces de la police sont venues le 17 novembre pour arrêter le bourgmestre élu et perquisitionner la municipalité, les employés communaux avaient manifesté. Sans avertissement, les policiers avaient utilisé les gaz lacrymogènes et les canons à eau. Beaucoup avaient  été hospitalisés ce jour-là. Deux mois plus tard, 90 de ces employés qui soutenaient leur bourgmestre sont sous le coup d’une enquête des autorités judiciaires : on leur reproche d’avoir violé la loi 2911 sur les réunions et les associations.

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Quant aux responsables politiques du parti HDP, le parti qui mène la campagne du « non «  pour le changement de constitution, ils devraient rester en prison bien après le référendum. Idriss Baluken, député du parti, rencontrera ses juges dès demain lundi. Le procureur général a requis contre lui une peine d’emprisonnement à vie.
Le co-président du parti HDP, Selahattin Demirtas, a été entendu par ses juges mardi. Depuis sa prison d’Edirne, où il est jugé par vidéo-conférence, il a dénoncé ses procureurs qui ont commis un crime en préparant leurs charges d’accusation. Il n’a, comme Demirtas l’a dit à ses juges, fait qu’utiliser son droit à faire de la politique et à représenter ses électeurs.
Hier encore, samedi, les policiers ont arrêté la députée HDP d’Adana Meral Danış Beştaş à son domicile ainsi que le député d’Istanbul Hüda Kaya dans un hôtel de la province d’Afyon. La députée Meral Danış Beştaş doit répondre de discours et de déclarations lors des manifestations de solidarité avec la ville de Kobani.

Pour le corps des électeurs, la technique des autorités pour remporter le référendum est celle de l’effroi. Comme l’explique le docteur Zeki Uzun, le président de la chambre des médecins de Mardin, l’Etat turc commet à Nuseybin un crime contre l’humanité. Le docteur Zeki rappelle les bombardements qu’a connus Nusaybin, les migrations forcées de ses habitants, les conséquences sanitaires pour les femmes enceintes et les enfants, qui parfois en sont réduit à devoir consommer de l’eau contaminée et pour qui il n’y a plus de vaccins.
70.000 familles de Nusaybin ont dû quitter leurs foyers. 12.000 maisons ont déjà été détruites. Et quand les bulldozers démolissent les quartiers, des corps émergent, des corps que les forces de l’ordre turc laissent là, en empêchant les familles de pouvoir les récupérer. Il y a eu à Nuseybin entre 300 et 500 morts dans les violences que l’Etat turc a fait subir à la population après la déclaration d’auto-gouvernance.

GRANDE-BRETAGNE, ALLEMAGNE, FRANCE
QUE FONT LES AUTORITÉS ?

Les responsables politiques des pays d’Europe se rabattent sur un thème politique fédérateur : la lutte contre le terrorisme. Mais du discours à la pratique, il y a une marge, dans laquelle la France, l’Angleterre et l’Allemagne s’engouffrent. Le principal soutien du terrorisme international, la Turquie, est aussi un grand partenaire commercial qu’il faut ménager.

C’est le journal the Guardian qui l’affirme : La grande Bretagne a vendu pour 50 millions de livres sterling en armes à la Turquie depuis les purges qui visent l’opposition après le coup d’état du 15 juillet.
La Turquie est classée sur la liste anglaise du département international pour le commerce comme un marché prioritaire en ce qui concerne les exportations d’armes.

En Allemagne, les autorités judiciaires ont condamné le politicien kurde Ahmet Çelik à trois années de prison. On lui reproche d’être un membre du comité exécutif du PKK en Allemagne.
Ahmet Çelik combat depuis 1986 pour les droits démocratiques et culturels du peuple kurde. Il a travaillé pour de nombreuses institutions kurdes et il avait été le président du YEK-KOM, la fédération des associations kurdes d’Allemagne, entre 2008 et 2011.

Quant à la France, elle a décidé de classer le dossier du triple assassinat de Paris de janvier 2013. Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez avaient été assassinées par Ömer Güney, un tueur à la solde des services secrets de Turquie, le MIT. L’assassin est mort à 34 ans, en prison, mais ses commanditaires ne seront pas poursuivis par les autorités françaises.
Les avocats des familles des trois femmes assassinées ont déjà annoncé qu’ils feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour que l’on puisse rouvrir le dossier.
Le 23 janvier, jour officiel où aurait dû débuter le procès, les manifestants kurdes se sont réunis place du Châtelet à Paris pour supplier l’Etat français de faire la lumière sur cette affaire.
Zozan Serhat, du mouvement des femmes kurdes, l’a encore affirmé : « L’Etat français est aussi coupable dans le meurtre des trois femmes kurdes. Nous insisterons donc pour que l’on fasse la lumière dans cette affaire, et nous poursuivrons nos protestations. »

PACE-ECHR
RÉACTIONS

Le président de la cour européenne des droits de l’homme et l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe suivent la situation en Turquie. Cette semaine, une déclaration du président de la cour européenne des droits de l’homme, Guido Raimondi et un rapport du comité de monitoring de l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe ont été plutôt critiques concernant les conditions de détention d’Ocalan et la mise en place du prochain référendum constitutionnel.
Guido Raimondi est le président de la cour européenne des droits de l’homme. Lors de la conférence de presse annuelle ce jeudi, il a répondu à la question d’un journaliste concernant la détention du leader kurde sur l’ile –prison d’Imrali.
Raimondi a reconnu que l’isolement d’Ocalan et l’impossibilité où il est de pouvoir correspondre par courrier est une violation du 34eme article de la convention européenne des droits de l’homme.
Jeudi toujours, le comité de monitoring de l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe, a sévèrement critiqué les réformes constitutionnelles qui seront finalisées par le référendum d’avril, un référendum organisé en plein état d’urgence.
Pour le comité, la légitimité de cette procédure de changement de la constitution est remise en question.
Les débats parlementaires ont été menés à toute allure, il y a eu infraction concernant le côté secret des votes, il n’y a pas eu d’émission continue pour rendre compte des débats parlementaires à la télévision, aucune consultation publique n’a eu lieu.
Le comité déplore aussi que toutes les forces politiques n’ont pas le même accès aux médias, ce qui fait que les citoyens n’auront pas été clairement informés des enjeux du vote.
154 députés se sont vus déposséder de leur immunité parlementaire en mai 2016, et 11 députés du Hdp sont toujours enfermés. Ce sont là des restrictions sérieuses au débat démocratique, juge le comité.
Le comité pointe aussi le climat généralisé de suspicion et de peur, le manque de liberté de la presse.
Pour conclure son rapport, le comité de monitoring de l’assemblée parlementaire de l’Europe appelle la Turquie à satisfaire à ses obligations envers le conseil de l’Europe, dont la Turquie est un des membres les plus anciens, et à promouvoir la stabilité démocratique et la sécurité.


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