Si on regarde la situation des Kurdes en Turquie, on se rend très vite compte qu’ils vivent dans leur pays comme dans une prison à ciel ouvert. Depuis la fondation de la république turque, ils sont traités comme des citoyens de seconde zone :
– Langue maternelle interdite
– Culture maternelle interdite
– Affirmation de sa propre identité interdite
– Sous-développement économique régional
– Réseau d’enseignement peu favorisé et remplacé par des postes militaires partout présent.

Les Kurdes comme les Arméniens, les Assyriens et les quelques minorités encore présentes ne connaissent que le militarisme de l’État sans autre perspective. Un peuple, une langue, un État et un seul leader, voilà le modèle étatique issu du kémalisme.

Les mouvements démocratiques qui se sont développés en Europe pendant les années 60 ont eu également une certaine influence en Turquie et on a assisté dans l’ouest du pays à l’éclosion de mouvements populaires plus orientés vers la gauche. Beaucoup se sont mis à espérer que la Turquie devienne une république supportable et démocratique, un État où tous les peuples pouvaient vivre ensemble dans une réelle liberté et en paix.Derwich_M._Ferho_1_314346901.jpg

Le 12 mars 1971, l’armée qui a toujours tenu le pays sous sa coupe a renversé le gouvernement et a pris les rênes du pouvoir. Ce fut une journée désastreuse pour des millions de personnes. Les émissions de radio, de télévision et la presse écrite sont tombées aux mains de responsables ‘en uniforme’.

La grande majorité de la population composée de groupes ethniques, sociaux, culturels et religieux différents a souffert autant que les Kurdes de cet état de fait qui dure depuis 35 ans.

Les prisons ont été remplies d’étudiants, d’intellectuels, d’hommes politiques, de défenseurs des droits de l’homme kurdes. Les prisonniers mais aussi des membres de la population dite ‘libre’ ont été torturés tout à la fois physiquement et psychiquement.

Pour échapper à ce climat de terreur, des milliers de démocrates qu’ils soient étudiants, intellectuels, défenseurs des droits de l’homme ou hommes politiques, ont quitté le pays. Partout où ils ont trouvé asile, ils ont continué à essayer de participer à la construction d’une Turquie démocratique et ce fut la plupart du temps dans ces conditions très difficiles. L’espoir d’un changement rapide restait très fort, il fut déçu.

La diaspora kurde s’est éparpillée partout en Europe et dans le reste du monde. Mais elle différait des autres habitants car les objectifs politiques jouaient un grand rôle dans sa vie. Lentement mais fermement, ce flot d’immigrants a trouvé sa place dans la société occidentale. Nous avons assisté à la création d’une communauté consciente de ses devoirs politiques et sociaux. Peu à peu, ces immigrants se sont impliqués dans les organisations sociales existantes et y ont travaillé avec deux préoccupations essentielles : le pays d’accueil – la terre d’origine. Cela signifiait donc qu’il fallait participer au processus démocratique et intégrer ses compatriotes dans le pays d’accueil. L’association des travailleurs et étudiants kurdes de Belgique, Tekosher, l’actuel Institut Kurde de Bruxelles est une de ces organisations.

Pourquoi les Kurdes continuent-ils à émigrer ?

La réponse est simple, dans leur pays ils sont traités comme des sous-citoyens et ils subissent une oppression inhumaine. Quatre-vingt pour cent d’entre eux ont émigré à cause d’une insupportable répression.

      –     Allemagne            600.000
      –     France                   100.000
      –     Pays-Bas                  70.000
      –     Belgique                  25.000
      –     Autriche                  35.000
      –     Suède                      25.000
–     Grande -Bretagne25.000
– Grèce                      25.000
– Danemark              10.000
– Norvège                   5.000
– Italie                          4.000
– Finlande                    3.000
– U.S.A.                       20.000
– Canada                    6.000

Nous pouvons y ajouter 300.000 travailleurs sous-contrat ce qui nous donne +ou- 1.300.000 personnes.

Le coup d’État militaire suivant (1981) va tellement accentuer l’oppression que l’on va assister au départ d’une rébellion armée des Kurdes sous la direction du PKK. Le chef en est A. Öcalan qui est toujours en prison dans des conditions assez inhumaines sur l’île d’Amrali.

Dans les rapports d’Amnesty International, nous pouvons lire que la situation sur le plan des Droits de l’homme a encore empiré. Dans un des ces rapports on cite l’administration des Affaires Étrangères des USA qui déclare : ‘La torture en Turquie est encore un problème sérieux’. Le même rapport rappelle les violences contre les droits des femmes et le fait que de nombreux enfants sont également maltraités. On y rappelle aussi la situation au Kurdistan où ‘les gardiens de village’ violent, assassinent, corrompent et pillent.
Sur le même rapport on fait remarquer que de nombreux leaders politiques appartiennent à des sectes religieuses extrémistes.

Dans la Turquie actuelle, il y des Kurdes de différentes religions et options philosophiques, des Assyriens chrétiens, des Arméniens, des Juifs et d’autres groupes ethniques. Les Alévis et les Yézidis quant à eux, sont opprimés autant par les autorités que par l’homme de la rue.

Malgré tout cela, beaucoup en Europe affirment que des améliorations sont en cours en Turquie, on cite le fait que la torture n’est plus systématique, que les libertés politiques et culturelles des Kurdes sont reconnues, que la liberté de conscience (religieuse ou non) est acquise, que la liberté d’expression existe etc…

Je demande aux hommes politiques européens s’ils trouvent normal :
– Que des soldats stationnent devant les portes des locaux où sont donnés des cours en langue maternelle !
– Qu’il y ait une interdiction de choisir librement les noms et prénoms des enfants !
– Que le pouvoir décide de votre orientation religieuse ou philosophique !
– Que le pouvoir puisse vous imposer votre habillement !
– Que l’on ne puisse pas parler des différentes violations aux droits de l’homme qui sont perpétrées !
– Qu’on ne puisse pas dire qu’on est : Flamand, Francophone ou Wallon, Grec ou Catalan !
 
Je pense que personne ne peut accepter cet état de choses. Soyez raisonnables et préconisez ce qui est le plus logique : la démocratisation effective de l’État turc afin qu’il représente une société riche de cultures différentes avec le but d’entrer dans l’Europe.

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