Faute de moyens financiers, le Programme alimentaire mondial (PAM, agence de l’ONU) se voit contraint d’interrompre son aide à destination des 1,7 million de déplacés syriens. En effet, il manque 64 millions de dollars (52 millions d’euros) ce mois-ci pour délivrer des coupons alimentaires à ces réfugiés répartis entre la Jordanie, le Liban, la Turquie, l’Irak et l’Egypte. L’agence a lancé un appel de fonds urgent. «Sans ces coupons, de nombreuses familles vont connaître la faim», précise le PAM dans un communiqué. Car l’agence onusienne assure l’essentiel de l’aide alimentaire dans les camps de réfugiés, alors que les Kurdes syriens qui ont fui l’avancée de l’Etat islamique dans la région frontalière de Kobané sont près de 140 000  le long de la frontière syro-turque.

L’annonce de l’interruption du programme du PAM est d’autant plus inquiétante que l’hiver approche. De nombreux réfugiés sont mal préparés pour affronter les basses températures, particulièrement en Turquie, au Liban, au Kurdistan irakien et en Jordanie, où de nombreux enfants, souvent livrés à eux-mêmes et mal vêtus, errent dans des camps à la limite des capacités sanitaires. Par ailleurs, la suspension de l’aide alimentaire risque de déstabiliser un peu plus les pays d’accueil. «Ces derniers ont déjà supporté un lourd fardeau pendant la crise», déclare Muhannad Hadi, coordinateur régional de l’agence.

Depuis le début de la guerre civile en mars 2011, environ 800 millions de dollars ont été injectés par le Programme alimentaire mondial afin de soutenir l’économie locale dans les pays limitrophes de la Syrie. A titre d’exemple, la Turquie frôle les 900 000 réfugiés et le frêle Liban a dépassé le million. A terme, un autre volet de l’aide alimentaire onusienne pourrait être menacé. Quatre millions de déplacés syriens, situés dans les zones contrôlées par les rebelles à l’intérieur du pays, bénéficient également des rations du PAM. L’aide va pouvoir se poursuivre jusqu’au mois de février, la nourriture ayant déjà été achetée. Mais au-delà de cette date, le Programme alimentaire mondial ne pourra plus subvenir à leurs besoins. Chaque semaine, quelque 35 millions de dollars sont nécessaires pour nourrir les réfugiés syriens qu’ils soient situés à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Outre la guerre civile syrienne, le PAM est confronté à quatre crises humanitaires : Irak, Centrafrique, Soudan du Sud et les pays d’Afrique de l’Ouest touchés par Ebola.