Le journal hebdomadaire néerlandais Brussel Deze Week vient de publier un article de Kim Verthé sur les relations turco-kurdes à Bruxelles. Parmi plusieurs personnes interviewées  se trouvent également le président de l’Institut kurde de Bruxelles, Derwich Ferho, et le rédacteur en chef d’Info-Türk, Dogan Özgüden. Le texte complet de l’article: http://www.brusselnieuws.be/nl/nieuws/turkse-minderheden-tussen-hoop-en-wanhoop

Voici la traduction en français des vues d’Özgüden :

“Vous pouvez assurément dire que la Turquie se trouve dans un état de guerre civile”, le journaliste critique turc Dogan Özgüden dans son bureau à Schaerbeek. Exilé politique depuis 1971, il réside à Bruxelles. En tant que rédacteur en chef d’Info-Türk, il critique les évènements en Turquie, notamment la situation des droits de l’Homme. “Lors des élections législatives au début de juin, le parti du président de la République Erdogan (AKP) a perdu sa majorité absolue. Par contre, le Parti Démocratique des Peuples (HDP) a dépassé le seuil électoral de 10 pour cent et a réussi à entrer au parlement. Ainsi Erdogan a vu que sa chance d’étendre ses pouvoirs par un amendement constitutionnel était réduite.”

Özgüden soupçonne que le leader turc amènera le pays à de nouvelles élections en novembre et jouera la carte nationaliste pour s’assurer une majorité absolue. “Erdogan ne cache pas ses inspirations de l’ancien empire ottoman. Il veut rétablir le contrôle sur les pays islamiques au Moyen-Orient, mais aussi sur les communautés musulmanes en Europe.”

En raison de ses discours nationalistes lors de la campagne électorale, une majorité de 62,93 pour cent des immigrés en provenance de Turquie ont voté en juin pour l’AKP, parti d’Erdogan. Quant au HDP, il était le deuxième avec 13,49 pour cent des voix. Dans d’autres pays européens, le parti pro-kurde a gagné en moyenne un peu plus de 20 pour cent.

“Il ne faut pas oublier que la majorité de la communauté turque à Bruxelles est exposée à un lavage de cerveau par l’intermédiaire des chaînes télévisées et des autres médias turcs. Seule une petite minorité en Belgique suit ce qui se passe dans ce pays. Donc, la majorité est d’accord sur ce que le lobby turc leur impose, » dit Özgüden.

“Depuis le début du conflit en Syrie, la Turquie a joué un double rôle,” selon Özgüden. “Erdogan chérit l’idée d’un éventuel gouvernement islamique en Syrie et en plus veut éviter l’apparition d’un Kurdistan indépendant. Sous le couvert de la lutte contre l’Etat islamique, Erdogan veut briser l’unification kurde en Irak et en Syrie “. Dogan Özgüden se souvient que les Kurdes n’étaient pas dérangés au début de leur immigration à Bruxelles. Les tensions sont arrivées plus tard. “Tous les immigrés en provenance de Turquie étaient considérés comme des Turcs. Beaucoup de Kurdes qui travaillaient dans les charbonnages ont caché leur identité ethnique à cause de la répression nationale exercée même en Europe par l’Etat turc. C’est dans les années 70 que la communauté kurde en Belgique a commencé à s’organiser à l’instar de l’organisation en Turquie. L’Institut kurde, qui existait d’abord sous la forme d’une organisation estudiantine, a fait clairement connaître l’identité kurde et établit de bonnes relations avec la société belge.”

“Après le coup d’Etat militaire de 1980, de milliers d’autres Kurdes, Arméniens et Assyriens sont arrivés en Belgique, dont certains avaient déjà une certaine expérience politique en Turquie. Ils ont développé leurs organisations. Ainsi, ils ont été perçus comme une menace par le lobby turc.”

“En 1981, le général Kenan Evren a promulgué une loi prévoyant que toute personne soupçonnée de propagande contre l’Etat turc serait déchue de la nationalité turque. De plus, tous les biens de ces opposants seraient saisis par l’Etat. A cette époque, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a lancé sa résistance et parallèlement les premiers députés kurdes ont réussi à entrer dans le parlement. Toutefois, leur immunité parlementaire a été levée et une partie des députés kurdes ont été condamnés et emprisonnés. Une autre partie des députés a réussi à sortir du pays et a fondé à Bruxelles le Parlement kurde en exil qui sera transformé plus tard en Congrès National du Kurdistan (KNK). Le point culminant des tensions en Belgique arrive lors de l’arrestation d’Abdullah Ocalan, fondateur du PKK, en 1999. À cette époque, la nervosité a également été ressentie à Bruxelles. Les Turcs considéraient les Kurdes et tous ceux qui vivaient en exil comme des traîtres à la patrie. Heureusement, au cours des dernières années, la tendance est de changer cette vision “.

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