Plusieurs pays de l’Occident, notamment la France, ainsi que la Turquie, ont fait croire que la chute du régime était imminente. Pour les dirigeants occidentaux, il fallait trois mois pour renverser Bachar al-Assad. Aujourd’hui, on cherche une solution avec ce régime, tant diabolisé et accusé de crimes contre l’humanité.
Parallèlement, la plupart des groupes « rebelles » de l’Occident ont perdu leur pari, avant de se diviser en plus de mille groupes différents. Le pire, ils ont perdu leur objectif et beaucoup d’entre eux se sont livrés à des crimes de guerre. Mais les pays occidentaux ont continué de fermer les yeux sur les crimes commis en Syrie par ces « rebelles », pour ne pas donner une légitimité au régime.
L’opposition politique reconnue officiellement par plusieurs pays occidentaux, la France en tête, n’a jamais réussi à devenir le seul représentant légitime de toute la Syrie. Sous influence des pays étrangers comme la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar, elle n’a pas été à la hauteur de reconnaitre les droits du peuple kurde. Ce peuple qui a construit une troisième voie, devenant ainsi le seul véritable garant de la démocratie en Syrie.
GRACE A ERDOGAN, AL-QAIDA S’IMPLANTE EN TURQUIE
La montée d’Al-Qaïda est la conséquence la plus visible de la politique menée en Syrie. Attirés par ce gouffre, les « jihadistes » ont afflué vers la Syrie, parcourant des milliers de kilomètres et traversant les frontières de plusieurs pays. La plupart des groupes armés qui combattent aujourd’hui en Syrie font partie d’al-Qaida ou sont complices des « jihadistes », qui se cachent derrière la couverture de l’Islam.
Des liens étroits entre la Turquie et al-Qaïda contre les Kurdes syriens ont permis aux jihadistes de s’implanter en Turquie. Plusieurs jeunes d’origine Turcs ont quitté le pays pour combattre en Syrie sans aucun but précis.
Nombreux d’entre eux ont été tués dans des combats avec les combattants de l’YPG, armée kurde syrienne, constituée de femmes et d’hommes. Certains qui ont été capturés ont avoué le soutien des services turcs dans cette guerre par procuration, d’une part les pays occidentaux, les monarchies du Golfe et la Turquie, d’autre part la Syrie, la Russie et l’Iran.
MYTHE D’AL-QAIDA BRISE PAR LES KURDES
Soutenus et financés par de nombreux pays dont la Turquie, des groupes d’Al-Qaïda attaquent les Kurdes depuis notamment mi-juillet après avoir été chassés de Serêkaniyê (Rass al-Aïn), sur la frontière avec la Turquie. Mais le mythe d’Al-Qaïda a été brisé face aux combattants kurdes. Ils ont subi de lourdes défaites. Le chef de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), affilié à Al-Qaïda, et plusieurs émirs ont été tués comme des milliers d’autres. Les kurdes n’ont reculé sur aucun front, mais ont chassé les jihadistes d’al-Qaïda, considérés comme « bandes armées » par les Kurdes, de plusieurs villes et villages. Vers la fin octobre, la ville frontalière avec l’Irak, Tall Kocher (Al Yaroubia) et toute la région de Chil Agha ont été prises par les Kurdes. Entre le 1er et le 5 novembre, deux villes et une quarantaine de villages ont été libérés dans la région de Serêkaniyê. De nouvelles opérations « révolutionnaires » ont été lancées par l’YPG dans les régions de Tall Tamer et Tirbespi (al-Qahtaniya). Plus de vingt villages ont été pris par des combattants kurdes entre le 1er et le 14 novembre dans ces deux régions.
Après plusieurs défaites successives ces dernières semaines face aux combattants kurdes, des groupes armés d’al-Qaïda se sont de nouveaux livrés aux crimes de guerres, enlevant le 11 novembre au moins 15 civils kurdes à Tabga, dans la province de Raqa, sous contrôle des “jihadistes”. Fin août, plus de 300 civils kurdes avaient été enlevés dans la même province par ces “jihadistes”, venus d’étrangers via la Turquie.
Toujours le 11 novembre, au moins 14 civils dont cinq enfants et six arabes ont été tués dans l’explosion d’une voiture près des locaux du croissant rouge kurde dans la ville de Kobani, au Kurdistan syrien. Ni les pays occidentaux, ni l’opposition syrienne n’a condamné ces crimes.
LES JIHADISTES FABRIQUENT LEURS ARMES EN TURQUIE
Après chaque attaque, les Kurdes accusent notamment la Turquie en raison de son soutien à Al-Qaïda. Pour les organisations kurdes, sans ce soutien les « bandes armées » ne pourraient même pas se maintenir trois jours face aux combattants de l’YPG. La Turquie continue de soutenir les « jihadistes » devant les yeux du monde entier, même si le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan refuse de l’admettre.
Plusieurs sources concordantes affirment qu’il y a même un accord secret entre la Turquie, l’Arabie Saoudite et Israël et Al-Qaïda qui aurait accepté de ne pas attaquer ces trois pays.
Par ailleurs, des sites d’informations et de propagandes en faveurs d’Al-Qaïda se sont multipliés en Turquie, sans aucune restriction. Ce soutien de la Turquie, visible à l’œil nu sur la frontière avec la Syrie a également été révélé lors d’une opération policière à Adana, le 7 novembre, après « une dénonciation de trafic de drogue ».
935 pièces métalliques « ressemblant mortier ordinaire » et dix tuyaux pour des lance-roquettes ont été saisis selon la police. Ils ont été fabriqués à Adana et à Konya, a affirmé la police. Le motif qui a alerté la police laisse penser que les autorités n’avaient pas l’intention de mener un assaut pour empêcher ces armes de circuler.
De mêmes armes avaient été saisies par des combattants kurdes dans la région de Serêkaniyê, en septembre dernier, lors des combats avec les djihadistes autours des villages d’Alok, Jafa, Dirdara et Hamid.
Le 11 novembre, les garde-côtes grecs ont intercepté un cargo battant pavillon avec environ 20 000 fusils d’assaut Kalachnikov à son bord. Le capitaine turc du navire et sept membres d’équipage, dont deux Turcs et cinq Indiens, ont été placés en état d’arrestation, selon les medias turcs et grecs.
Ces deux opérations ne sont en fait que la partie visible de l’iceberg. Après chaque combat avec les Kurdes, les blessés jihadistes sont transportés dans des ambulances turques vers des hôpitaux d’Urfa, d’Hatay ou d’Antep. Des groupes affiliés à al-Qaïda sont voisins de la Turquie à Tall Abyad et à Azzaz. Le camp de réfugiés d’Atma est utilisé comme base par ces jihadistes. Les villes comme Antep, Urfa et Hatay accueillent les jihadistes jour et nuit. Une partie de l’hôpital publique d’Ersin à Antep est destinée aux blessés d’al-Qaida, affirme en outre une source dans cette ville.
LA COALITION SYRIENNE LOIN D’ETRE UNE OPPOSITION DEMOCRATIQUE
La coalition nationale syrienne et l’opposition armée ont gardé le silence sur les attaques jihadistes contre le peuple kurde. De nombreuses brigades de l’armée syrienne libre (ASL) sont également impliquées à des crimes de guerre aux cotés d’Al-Qaida. La coalition syrienne n’a jamais condamné les attaques jihadistes contre les Kurdes, au contraire elle a accusé les Kurdes qui ont chassé des groupes armés d’al-Qaïda.
Cette complicité avec Al-Qaïda reflète aussi la position de leurs parrains, soit celle de l’Occident, de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie Saoudite. N’ayant jamais rassemblé une large opposition représentant les peuples vivant en Syrie et n’ayant aucun projet démocratique incluant les revendications légitimes du peuple kurde, cette coalition s’en est également au Parti de l’Union Démocratique (PYD), principale parti kurde en Syrie, qu’elle a qualifié de “formation hostile à la révolution syrienne”, après l’annonce d’une “assemblée constituante”, en vue d’une administration autonome provisoire au Kurdistan syrien.
REVOLUTION DEMOCRATIQUE KURDE “INDESIRABLE”
Contrairement aux méthodes anti-démocratiques de l’opposition, tous les autres peuples vivant dans la région kurde, comme les arabes, arméniens et assyro-chaldéens, sont représentés dans cette l’assemblée constituante qui a divisé la région kurde en trois cantons.
Refusant de s’impliquer dans cette guerre par procuration, les Kurdes ont réalisé une veritable révolution avec un aspect féministe et fraternel, mais “indésirable” par ceux qui n’aiment pas voir les Kurdes prendre en main leur destin et tracer leur chemin vers l’avenir, sans avoir besoin des forces hégémoniques et anti-démocratiques.
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