Communiqué de Presse – 4 ressortissants turcs poursuivis pour avoir participé aux activités d’une organisation terroriste ayant pour objet de commettre un attentat contre des représentants et des institutions kurdes à Bruxelles

Devant la 23ème Chambre Correctionnelle du tribunal néerlandophone de 1ère instance, s’ouvrira le vendredi 1er octobre à 8h45 un procès contre 4 ressortissants turcs soupçonnés d’avoir projeté un attentat contre les locaux bruxellois du Congrès National kurde et contre les 2 figures de proue du KNK, Remzi Kartal et Zubeyir Aydar (voir photo).

En février 2017, Remzi Kartal et Zubeyir Aydar ont appris que des plans étaient fomentés par des agents de l’État turc pour mener une attaque à leur encontre. Ce n’était pas la première fois que de telles rumeurs étaient portées à l’attention des représentants kurdes à Bruxelles. Comme ils l’avaient fait auparavant, Aydar et Kartal ont informé les autorités belges. Ils se sont constitués partie civile entre les mains du juge d’instruction bruxellois De Coster.

L’enquête qui a suivi a révélé qu’une attaque était effectivement en préparation contre Aydar et Kartal et peut-être contre le bâtiment où se trouvent les locaux du KNK dans le centre de Bruxelles.

Zubeyir Aydar et Rezmi Kartal sont tous deux d’anciens membres de l’Assemblée Nationale turque. Ils étaient en Europe lorsque les représentants kurdes ont été assiégés pour la première fois au Parlement turc en 1994, puis arrêtés et condamnés à de longues peines de prison. Depuis, ils vivent en exil en tant que réfugiés. Remzi Kartal est co-président de Kongra-gel (Congrès du peuple du Kurdistan). Zubeyir Aydar est membre du bureau du Congrès National du Kurdistan (KNK) et du Koma Civakên Kurdistanê (KCK) (Union des communautés du Kurdistan).

L’enquête a également révélé que le plan avait été piloté de France par deux suspects. A la demande du juge d’instruction belge, une enquête a également été menée en France. Là, il est apparu que les deux personnes identifiées comme organisateurs et instigateurs du plan d’assassinat de Kartal et Aydar font partie d’un groupe plus large d’environ 5 à 6 personnes qui étaient engagées dans l’espionnage des opposants au régime Erdogan en France. Mais surtout, l’enquête française a également révélé des éléments qui montrent que ce groupe avait des liens directs avec 2 conseillers personnels du président Erdogan, Adnan Tanriverdi et Seyit Sertçelik, tous deux membres du Conseil de sécurité nationale alors nouvellement créé. Tanriverdi est un ancien général de l’armée qui a depuis fondé Sadat, une société militaire privée à la réputation sulfureuse sur le modèle de la société américaine Blackwater. Sertçelik est un universitaire spécialisé dans la négation du génocide arménien mais qui est actuellement impliqué dans l’occupation turque des territoires syriens.

Le projet de commettre un attentat a finalement été perturbé parce que la police belge a effectué des perquisitions, faisant comprendre aux planificateurs avant l’attaque que leurs plans n’étaient plus secrets.

Le 18 juin 2021, la Chambre du Conseil a renvoyé 4 personnes devant le Tribunal correctionnel du chef de participation à- ou direction d’une association de malfaiteurs et d’une organisation terroriste.

En tant que dirigeants, les deux suspects qui ont piloté l’ensemble du plan depuis la France sont poursuivis. L’un des deux est un ancien policier turc et ancien responsable de la sécurité à l’ambassade de Turquie à Paris.

En tant que participants, un intermédiaire est poursuivi, lequel a mis les instigateurs en contact avec un éventuel « tueur à gages ». La personne à qui l’on a demandé de mener l’attaque est également poursuivie.

Cette affaire ne peut être séparée du comportement particulièrement agressif et criminel des agents turcs dans divers pays d’Europe. Le 9 janvier 2013, trois militantes kurdes ont été assassinées de sang-froid à Paris. L’enquête a montré que l’auteur a agi pour le compte du service de renseignement turc MIT. Le procès n’a finalement pas eu lieu parce que l’accusé est décédé une semaine avant l’ouverture du procès. En Allemagne, un pseudo journaliste qui avait également tenté d’approcher Aydar et Kartal a été reconnu coupable d’espionnage pour le compte des autorités turques. Et fin 2020, un plan a également été déjoué en Autriche. Ce plan visait à l’organisation d’une attaque contre la vie de Berivan Aslan, une ancienne représentante d’origine kurde du parti des Verts au parlement autrichien.

Kartal et Aydar seront présents comme parties civiles devant le tribunal correctionnel de Bruxelles.  Ils sont représentés par l’avocat Jan Fermon du Barreau de Bruxelles.

23ème Chambre Correctionnelle du Tribunal de 1ère Instance néerlandophone, Palais de Justice de Bruxelles, salle 01.1, Vendredi 1er Octobre, 8h45. Cependant, l’audience du 1er octobre 2021 a été reportée à une prochaine session le 11 mars 2021. Une conférence de presse aura lieu le 1er mars 2022.

 

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