Environ 30.000 personnes se sont rassemblées à Bismil, dans la province à majorité kurde de Diyarbakir, pour rendre hommage à Ibrahim Oruç, 21 ans, décédé mercredi après avoir été atteint, selon le rapport d’autopsie, d’une balle dans la poitrine.
Un rapport d’autopsie dont l’AFP a obtenu jeudi une copie a confirmé la mort par balle d’un manifestant kurde décédé la veille lors de heurts avec la police dans le sud-est de la Turquie, en ébullition après l’éviction de candidats kurdes aux législatives.
L’agence de presse Anatolie a par ailleurs rapporté jeudi la mort de trois rebelles kurdes lors de combats avec l’armée turque dans le sud du pays.
Ibrahim Oruç, 26 ans, a été tué par une balle qui a pénétré par son bras gauche et est ressortie par la poitrine, indique le rapport, qui n’est pas en mesure de dire si la balle a été tiré par la police.
Un témoin des affrontements, survenus à Bismil, dans la province de Diyarbakir, avait déclaré mercredi à l’AFP que la police avait ouvert le feu sur les manifestants d’abord avec des balles en plastiques, puis à balles réelles.
Le cercueil enveloppé dans un drapeau aux couleurs rouge-vert-jaune de la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a été transporté sur les épaules de porteurs à travers la ville sur près de cinq kilomètres, devant une foule criant "Vengeance! Vengeance!", a constaté un correspondant de l’AFP.
Le cortège était mené par des dirigeants du principal parti représentant la minorité kurde en Turquie, le Parti de la paix et de la démocratie (BDP).
Les obsèques se sont achevées dans de nouvelles violences, des manifestants kurdes prenant à partie la police avec des jets de pierre et de cocktails Molotov, celle-ci ripostant avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau.
Des violences ont eu lieu dans plusieurs autres villes, notamment à Batman (sud-est), où un policier et un manifestant ont été blessés par balles, a rapporté l’agence Anatolie.
A Van (est), trois personnes, dont une femme enceinte, ont été hospitalisées après avoir été évacuées d’une banque incendiée par un cocktail Molotov, selon l’agence.
Les heurts se sont poursuivis dans la nuit de mercredi à jeudi à Adana (sud), une ville où vit une importante communauté kurde, et où les manifestants ont jeté des pierres et des cocktails Molotov sur la police, provoquant l’incendie d’une maison, a rapporté l’agence Anatolie.
A Istanbul, deux bombes artisanales ont explosé sans faire de victimes devant un maison et devant un local du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) au pouvoir, accusé par les Kurdes d’être à l’origine de la décision du YSK, selon Anatolie.
L’agencea par ailleurs fait état jeudi de trois rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) tués par l’armée dans une zone rurale de la province de Kahramanmaras (sud) alors qu’ils effectuaient des préparatifs pour lancer une opération. (AFP, 21 avr 2011)