Prisonnière politique pendant 14 ans pour son appartenance au mouvement marxiste DHKP-C (Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple), elle est morte de l’incurie des autorités pénitentiaires et de l’Institut médicolégal qui l’ont laissée agoniser en captivité, à petit feu, sachant qu’elle était légalement libérable pour raisons de santé.

L’an dernier, après quatre mois de campagne intensive pour sa libération, l’opinion publique progressiste turque et internationale était parvenue à contraindre les autorités turques de la faire libérer. Le 6 novembre 2009, elle bénéficia en effet de la grâce présidentielle grâce à ces pressions démocratiques.

A peine sortie de prison, elle participa aux rassemblements de solidarité avec les prisonniers malades organisés chaque vendredi dans la rue Istiklal à Istanbul.

Mais le mois dernier, son état de sa santé s’est subitement détérioré.

Dans l’une de ces dernières lettres, elle écrivait d’ailleurs: "Ils m’ont abandonnée sur les berges de la mort. Ils ont usurpé mon droit à la vie en me donnant le droit de mourir dehors. Je n’oublierai pas. Et dire qu’il y a encore des prisonniers malades."

Elle est morte à l’âge de 38 ans, le cœur empli d’amour et d’espoir en des lendemains meilleurs, entourée de ses amis et camarades.

Le 7 mai 2010
Sources: Halkinsesi TV, Milliyet, NTV.
Maison Populaire de Genève
www.assmp.org

La rue s’embrase pour Güler Zere

Les actions de rue en hommage à Güler Zere se multiplient et réunissent pratiquement tous les courants de la gauche anatolienne (le Front populaire -Halk Cephesi- et le Comité alévi révolutionnaire -DAK- dont elle était membre, le Parti communiste -TKP-, le Parti de la liberté et de la solidarité -ÖDP-, le Parti socialiste des opprimés -ESP-, la Plate-forme révolutionnaire indépendante de classe -BDSP-), les syndicats des travailleurs du public (KESK) et des retraités (Emekli-Sen), des collectifs étudiants et  autres associations professionnelles d’avocats (CHD), de médecins (TTB), d’ingénieurs (TMMOB)…

En début de soirée, des milliers de personnes ont parcouru la rue Istiklal à Istanbul aux cris de : "Güler Zere est immortelle", "Liberté pour tous les détenus malades", "L’Etat assassin devra rendre des comptes", "Nous avons payé cher, ils le paieront cher" ou encore "Les martyres de la révolution sont éternels".

Entre-temps, plusieurs centaines de manifestants se sont massés devant son domicile à Armutlu où elle s’est éteinte. La foule a brandi son catafalque drapé de rouge en scandant des slogans hostiles au gouvernement.

On apprend également que des militants masqués du DHKP-C et armés de cocktails Molotov ont défilé dans plusieurs quartiers d’Istanbul, notamment dans le quartier autoproclamé "du 1er mai" (officiellement appelé "quartier Mustafa Kemal"), de Gazi, d’Alibeyköy et de Sarigazi pour saluer "leur camarade Güler Zere".

Güler Zere est une militante kurde zaza du Dersim. A ses vingt et un ans, elle s’engagea dans la guérilla rurale du Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C). Capturée par l’armée en 1995, elle fut condamnée à une peine de 34 ans de prison.

L’an dernier, les médecins de la prison d’Elbistan lui diagnostiquèrent un cancer avancé de la gorge mais l’Institut médicolégal entrava sa demande de libération conditionnelle, la condamnant ainsi à une mort certaine. Les autorités turques finirent par céder aux pressions populaires après quatre mois de lutte. Le 4 novembre 2009, le président turc de la République Abdullah Gül signa le décret de grâce présidentielle qui lui permit deux jours plus tard de retrouver le chemin de la liberté. Une liberté bien éphémère qui n’aura duré que 6 mois…

Ses funérailles débuteront demain matin dans le Djemévi (temple alévi) d’Armutlu. ([email protected], 7 mai 2010)

2009: 36 Deaths in Prison, 6 Deaths Under Detention

The Human Rights Association (İHD) and the Turkish Human Rights Foundation (TİHV) issued the report on human rights violations for the year 2009.

Prisons: 36 people died in prison.

Detention: 6 people died under detention.

Death for ignoring the "stop warning": Security forces killed a total of 36 people "by reason of not obeying the stop warning" or because of exceeding their authority to use a firearm; 71 people got injured.

Village guards: 61 people were killed by village guards, another 46 were injured. This number includes the deaths caused by the Mardin massacre.

Armed conflicts: 50 security guards and 91 armed militants died in armed conflicts. This figure includes the deaths of 21 soldiers due to land mines and other explosives.

Civilians: A total of 22 civilians, 8 children and 14 adults, died because of land mines, explosives or remnants of war. 41 civilians were injured.

Asylum seekers and refugees: 23,014 asylum seekers and refugees were taken into detention in 2009. 33 asylum seekers and refugees died, 30 were injured.

305 cases of torture in detention were registered in 2009, 358 cases of torture were reported for non-official areas. 34 torture incidents were carried out by village guards. Torture cases in prison amounted to 397. 10 incidents of torture were registered related to private security forces. (BIA, Tolga KORKUT, 3 May 2010)

http://www.info-turk.be

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