Cet aveu vient confirmer ce que l’ex-chef de la contre-guérilla, ex-chef de police, ex-directeur de la Sûreté, ex-gouverneur, ex-ministre de l’intérieur, ex-ministre de la justice et actuel président du Parti de la Juste Voie (DYP, droite) ainsi que baron de la drogue, Mehmet Agar, avait déclaré en mars 2000 dans le cadre d’une enquête parlementaire sur le scandale Susurluk : " Nous avons mené 1.000 opérations pour le compte de l’Etat "…
Nous, familles et sympathisants des victimes de ces nervis, ne sommes que très peu étonnés de ces déclarations.
Gageons toutefois que cette info éclairera ceux qui douteraient encore du caractère terroriste et fasciste d’un Etat qui est à l’image de ses agents sanguinaires sans foi ni loi.
Qui est Ayhan Carkin ?
Ayhan Carkin est né en 1962 à Erzurum. Issu d’une famille pauvre, il aurait abandonné ses études durant le lycée en raison du " terrorisme ", selon ses dires. En 1985, il s’inscrit aux " opérations spéciales ", une formation donnée par la Direction de la Sûreté générale. Son professeur n’est autre que le lieutenant colonel Korkut Eken, un autre mercenaire plusieurs fois récompensé par l’armée pour ses basses besognes. Les deux hommes seront symboliquement condamnés dans la très sale affaire Susurluk qui révéla les liens entre politiciens, trafiquants d’héroïne, chefs de police et nervis fascistes membres des Loups Gris.
C’est Korkut Eken qui fera de lui une machine à tuer. Carkin est d’abord envoyé dans les provinces kurdes pour éliminer les militants du PKK. Après avoir fait ses armes dans la guerre contre les patriotes kurdes, il est rappelé à Istanbul pour liquider les militants du Devrimci Sol (le mouvement qui en 1994, deviendra le DHKP-C).
Première mission, l’opération de Nisantasi menée le 11 juillet 1991 au cours de laquelle 11 militants du DHKP-C sont exécutés. La Cour européenne des droits de l’homme condamnera la Turquie pour cette opération meurtrière qualifiée d’ " exécution extrajudiciaire ". Dans sa deuxième opération urbaine, menée dans le quartier de Ciftehavuzlar à Istanbul, Carkin assassine le 17 avril 1992 trois figures importantes du DHKP-C dont Sabahat Karatas, l’épouse du secrétaire général du mouvement révolutionnaire1[1].
Après chaque opération, il est traduit en justice puis acquitté…
Le 13 août 1993, il participe au massacre de Perpa, une opération contre le DHKP-C menée dans un centre commercial stambouliote : 5 morts. Le corps de Selma Citlak, la caissière d’une cafeteria sera retrouvé criblé de 18 cartouches. Après ses exécutions, Ayhan Carkin déposait souvent un revolver au côté de sa victime.
Il exécutera plusieurs dizaines d’autres militants du mouvement : le 14 juillet 1992, Nurten Demir et Ismail Akarçesme à Kasimpasa (Istanbul), le 23 avril 1992, Ibrahim Yalçin à Kartal (Istanbul), le 24 mars 1993, Ibrahim Yalçin Arikan, Avni Turan et Recai Dinçel à Bahçelievler (Istanbul), le 10 avril 1996, Mustafa Bektas et Muharrem Karakus à Göztepe (Istanbul), …
Ayhan Carkin, le " Rambo turc " comme le surnomme la presse, aurait également trempé dans le massacre de Gazi, le 12 mars 1995. Dans ce quartier, des émeutes avaient éclaté après que des escadrons de la mort eurent ouvert le feu sur des établissements fréquentés par la communauté musulmane progressiste alévie abattant un vieillard et un jeune homme et blessant 25 autres. La chasse à l’homme à laquelle se livreront Carkin et ses acolytes dans les jours qui suivirent cette fusillade coûtera la vie à dix-huit personnes.
Mais à chaque fois, grâce à ces nombreuses protections et à la culture de l’impunité entretenue et encouragée par la " justice " turque, Ayhan Carkin ne sera jamais écroué pour ces innombrables crimes abominables.
Justice pour toutes les victimes d’Ayhan Carkin et de ses sbires.
C’est là notre seule exigence.
Tayad Komite,
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Le 22 octobre 2008