Alors que dans le monde entier on accepte de résoudre des problèmes les plus difficiles par des processus démocratiques, la Turquie pour qui la question kurde reste une blessure profonde, n’envisage pas d’autre solution pour régler cette question que de croiser le fer avec les militants kurdes et de s’engager résolument dans la guerre On peut dire déjà que l’avenir va être effrayant.

Après l’attaque de la guérilla kurde, la semaine passée, contre un poste militaire dans la région de Dersim, où 5 soldats ont été tués, le chef d’état-major de l’armée turque, le général Ilker Basbug, a ouvertement menacé les Kurdes d’un écrasement massif et promis d’utiliser tous les moyens d’Etat pour anéantir la guérilla du PKK ; il a également, devant les membres de la presse, menacé et insulté les médias turcs au motif qu’ils avaient osé parler de la faiblesse de l’armé turque dans sa lutte contre le PKK. Ce raidissement militaire, par la violence des propos tenus, mis en parallèle avec les opérations armées, ne sera pas sans influence sur la politique du gouvernement et autres autorités institutionnelles de ce pays qui tentent aujourd’hui un rapprochement.

L’armée turque a mené, ce mois d’avril, une série d’opérations militaires dans les régions kurdes et un transfert de troupes s’est intensifié, depuis la dernière semaine d’avril, vers ces régions tenues par les militants kurdes. Selon les observateurs sur place, les dirigeants des associations des droits de l’homme et les journalistes seraient surtout visés, mais il est patent que la population civile, aussi menacée, sera la première victime des affrontements.

Alors que le procès Ergenekon se poursuit devant des tribunaux au fil des audiences, l’armée turque fait pression afin de pousser le pays vers la guerre. Cette approche militaire planifiée a pour but d’attirer l’attention de l’opinion publique sur la nécessité de renforcer la position des généraux. Cette stratégie a nui beaucoup à la Turquie, surtout depuis 1993, date à laquelle le PKK a déclaré un cessez-le-feu unilatéral. En analysant ces événements, je vois un grand danger pour l’avenir de la démocratie et de la paix dans ce pays.

La Turquie veut s’assurer du soutien du gouvernement de la région kurde de l’Irak dans la lutte contre le PKK et d’après ce que je vois, les Kurdes de cette région n’ont pas encore répondu à cette demande ; je ne pense pas que ces Kurdes prennent place aux côtés d’un Etat qui veut écraser leurs frères.

De son côté, le PKK se déclare prêt à continuer la guerre : si, selon les déclarations de ses dirigeants, l’armé turque persiste à mener des opérations militaires  et si la politique négationniste l’AKP perdure, ses militants multiplieront leurs attaques contre des cibles militaires.

D’après ce que je vois, la situation réelle en Turquie n’est pas perçue par les européens  qui font semblant de croire que la Turquie fait des efforts pour avancer dans le processus de négociation avec l’Union européenne ; la politique des Etats Unis d’Amérique est à mettre, de ce point de vue en parallèle avec celle de l’UE.

Cette année sera déterminante pour la Turquie qui doit choisir entre la Paix et la Guerre. Si elle choisit la guerre, on peut prévoir qu’elle rentrera dans un cycle de violence pour au moins quelques années.
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08.05.2010

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