Ce beau carrosse plein de vie
Il a monté la pente
Cette image d’aujourd’hui
L’accompagnait
Celle que je connais
Que tu connais, que tous connaissent
Elle avait la couleur de la roseraie
Du paysage de chaque jour
Elle devenait une âme, un morceau de la beauté
En dessous du paradis d’Eden
En dessous, on l’appelait la ville de porcelaine
C’était un monde plein de vie
Saint comme les survivants d’Ezra
Et dans les rêves des papillons
Ils étaient le lieu de la beauté
Le berceau des philosophes
Le tapis sur lequel les prophètes ont marché
Sur sa douce poitrine
Les rivières du Kewser (1)
Vague après vague
Descendaient dans un rire et se moquaient des réticences
Au dessus des pays de tournesols
Elles encerclaient l’amour jaillissant
Cette chute d’eau avec une ceinture naturelle
A été couronnée

A partir du soleil, de la lune et des étoiles
Loin du chagrin des peupliers
De la chute des arbres et de la foudre
Ses nuits commençaient par des concerts
Chaque nuit, la lune lavait son visage
Avec des fontaines
L’amour dans ses cheveux porteurs de paix
Buvaient le vin de la vie

L’image des voyageurs
Venait toujours après l’étoile du matin
De ses rayons de soleil
Jaillissait le printemps et s’approchaient les baisers
L’automne de la vie
Les villages avaient reçu leurs sceaux
Sur leurs troupeaux
Sur leurs terrasses.

Les fleurs s’épanouissaient
Dans le jardin de rêves
Les cascades enivrées chantait jusqu’à la fin
Jusqu’à ce que la neige des montagnes
Devenue chaude se mettre à dévoiler.
Mais à cause de vent violent soufflant des pays
Il est devenu une image
Semblable aux saisons de l’année, toutes séparées
Et chaque partie
Entourée de frontières comme un monde
Entièrement devenu étranger
Loin de l’autre
Le soleil changeait son flux et son reflux
Dès lors il leur prenait à chacun
Sa part de ténèbres et de la noirceur des nuits 
Newroz (2) arrivait années après année
Les bougies de nos années s’éteignait
Avant même qu’elles aient pu
Saluer la source de la vie
Elles devenaient des cendres si froides
D’une couleur complètement délavée

Depuis longtemps
Les mains avaient cessé de tresser
Les boucles du soleil
Le temps ne se souviendra plus de notre visage
Les chiffres du calendrier s’estompaient
Ils ne pouvait plus d’être lus.

Il ne restait qu’un grand cœur
Couvert de plaies anciennes

La première blessure,
L’image de la jeune mariée de la vallée de Zilan (3)
Elle cherche encore toujours ses couleurs

La deuxième blessure,
La pendaison de l’espoir de Charchira (4)
La troisième est le drame
Des nuages de Halabja (5) et 
Les blessures de l’Anfal (6)
La quatrième est à Qamishlo (7)
Avec l’incendie du festival des étoiles
Dans les longues séries de films
Ces nuages ont empoisonne nos printemps
Et elles embrassaient la vie avec un amour sans goût
Le vent sifflait tristement quand on battait les grains
La porte des grottes
Créaient la neige
Les émotions descendaient
De plus en plus lentement
Dans un silence profond
Même la beauté des poèmes.

Ne pouvait pas faire venir le printemps
Les mots étaient impuissants
À colorer les lèvres des aimés.
Les questions des enfants
Restaient sans réponse
Elle se perdaient dans les champs de mines
Mais maintenant, dans ma patrie
La marche des jeunes mariées
Et nos rôles dans les films commerciaux
Commencent à connaître la fin
Et manquent
Les héros tombés sur les champs de bataille
La danse de la mort
Lentement s’est mise à quitter les yeux.

Dans les yeux des enfants
Un espoir a jailli
Le printemps de l’amour refleurit à nouveau.
Cette image déchirée est à nouveau rassemblée
Et aujourd’hui, elle est le tapis rouge des mariées
Et ruissellent le henné et les cierges
Qui se dirigent vers la jeune épousée du Dersim (8)
Qui reprend ses couleurs
Et aujourd’hui sur la citadelle de Amed (9)
S’allument les bougies des enfants.

 

(2) Newroz – nouvel an des Kurdes

(3) Vallée du Kurdistan de Turquie renommée pour sa liberté

(4) Place au centre de la ville kurde de Mahabad (Kurdistan d’Iran) qui fut la capitale de la république kurde du même nom qui eut une vie très courte, à peine onze mois (22/1 au 17/12/1946)

(5) Rappel des 5000 morts du Kurdistan d’Irak gazés par les bombes chimiques sous Saddam Hussein

(6)n Anfal : nom d’un verset du Coran utilisé par Saddam Hussein pour justifier les massacres subis par les Kurdes

(7) Qamishlo, capitale de la région kurde de Syrie

(8) La région appelée maintenant " Tunceli " (poigne de fer) est une de celles où la répression des Kurdes pour les Turcs fut la plus violente.

(9) Le nom kurde de Diyarbakir, la ville la plus importante du Kurdistan de Turquie.

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