Cette hécatombe va inciter l’ensemble de la population carcérale de gauche à entrer en résistance, cette fois à partir de leur cellule d’isolement. Le bilan de ce mouvement de grève de la faim sans précédent coûtera au total la vie à 122 détenus, parents et amis. Près de 600 autres détenus garderont de graves séquelles pour avoir été alimentés de force. Le 22 janvier 2007, les détenus politiques appuyés par la société civile turque d’une part et l’Etat turc, dans le chef de son ministre de la justice d’autre part, parviennent un compromis : ce dernier publie une circulaire (n° 45/1) qui autorise les détenus politiques à se rencontrer par groupe de 10, à raison de 10h par semaine. Cependant, près de 20 mois après la publication de la circulaire n’est appliquée dans une seule des 11 prisons de type F. Craignant une reprise de la grève de la faim tragique interrompue le 22 janvier 2007, l’association des familles des prisonniers (TAYAD) a aujourd’hui organisé un rassemblement devant le siège du Parti AK (justice et développement, au pouvoir) à Istanbul, demandant au ministre de tenir sa parole à l’égard de la société civile et des détenus. Jusqu’ici, tout va bien…. Mais au moment où les familles de détenus ont disposé sur la route des cercueils symbolisant les 122 victimes de la résistance contre l’isolement carcéral, des policiers en civil ont sorti leur revolver et ont commencé à tirer sur les familles (cf. photo en attachement). Actuellement, nous ignorons le nombre de blessés et d’arrestation. L’Etat turc semble manifestement décidé à écraser toute contestation dans le sang.  Le 10 octobre dernier, Engin Ceber, un militant de gauche dont le seul " crime " a été de distribuer un journal dissident, a été tué sous la torture. Et aujourd’hui, même, dans la province kurde de Dogubeyazit, un jeune manifestant de 20 ans a été abattu par la police durant une manifestation organisée pour protester contre les mauvais traitements subis par Abdullah Öcalan, le dirigeant kurde soumis à un régime d’isolement dans l’isolement, puisqu’il occupe tout seule, l’île-prison d’Imrali. Nous appelons donc l’opinion publique internationale à protester contre ce regain de violence terroriste de l’Etat turc.
 
Bruxelles, le 20 octobre 2000.
Tayad Komite, [email protected]

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