Il y a toujours de sérieuses questions qui attendent d’être résolues. La présence des Américains ne donne pas espoir à la population de ce pays, surtout pour ce qui est du développement d’une stabilité démocratique. D’après ceux que nous voyons, les intérêts des Américains ne passent pas par une vraie démocratisation des pays du Moyen-Orient. C’est pourquoi les problèmes de la région de Kirkuk sont plus en plus empiries. Je pense que le référendum pour Kirkuk n’est pas fait à suite à ce rapprochement des Américains.

La position de l’Etat turc pèse beaucoup dans cette attitude des Etats-Unis. Malgré la volonté des Kurdes – en faveur d’une résolution pacifique à Kirkuk – les Américains et les Anglais soutiennent le rapprochement de la Turquie, qui est pour la turquisation de cette ville.

D’après ce que je sais, plusieurs députés kurdes au Parlement irakien ont accusé cette politique de la Turquie qui cherche à réduire l’influence acquise par les Kurdes, surtout depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003. Certains d’entre eux ont même accusé la Turquie en déclarant qu’elle manœuvre pour faire adopter une loi anti-kurde au Parlement irakien. La Turquie a toujours soutenu l’adoption de l’article 24 de la loi électorale afin d’empêcher le référendum qui peut définir le sort de la ville de Kirkuk. Pour parvenir à son but, elle essaie d’utiliser tous les moyens. Même elle a tout fait et veut encore tout faire pour réduire les acquis obtenus par les Kurdes après la chute de Saddam Hussein et son régime.

L’article 24 du projet de loi devant régir les scrutins provinciaux proposait une répartition à part égale du pouvoir au conseil provincial de Kirkuk entre Arabes, Kurdes et Turcomans. Bien sûr les Kurdes qui sont majoritaires dans cette ville se sont totalement opposés à cet article et souhaitent que leur prépondérance soit reconnue. Cette volonté des Kurdes a été refusée par les Arabes et les Turcomans avec le soutien, notamment, de la Turquie et de certains pays arabes.

Le projet en question avait été approuvé le 22 juillet 2008 par le Parlement irakien, dans un contexte très tendu. En raison de la sensibilité de ce projet de loi, seulement 140 députés sur 275 étaient présents lors des votes. De nombreux parlementaires avaient dénoncé des irrégularités dans la procédure. Bien sûr les votes ont été boycottés par tous les députés kurdes (54).

Suite à la réaction des Kurdes, le Conseil Présidentiel irakien, composé du chef de l’Etat, Jalal Talabani, et de ses deux adjoints, avait aussi décidé d’opposer son veto au texte du projet. Mais, malgré cet attitude de Jalal Talabani et de ses adjoints, ils n’ont pas montré leur réaction d’une façon bien claire et concrète. C’est pourquoi le résultat n’a pas été changé. Ceci veut dire que le Conseil Présidentiel irakien a accepté l’adoption du projet et renonce à la nécessité de l’article 140 de la constitution irakienne. Bien sûr cet attitude ne peut, en aucun cas, être approuvée par les Kurdes.

J’aimerais attirer l’attention sur la position des Etats-Unis qui a été bien pesante dans cette affaire. Le rôle négatif des Américaines a encouragé les Turcomans et les Arabes pour faire passer cet article 24. Ainsi, il faut savoir que la Grande-Bretagne aussi a fait une pression sur les Kurdes pour qu’ils acceptent les demandes des Arabes et des Turcomans. Tout ceci contente la Turquie qui ne veut toujours pas prendre en considération le poids du gouvernement régional kurde. Elle ne supporte pas l’existence des Kurdes qui peuvent se diriger eux-mêmes.

Avec la provocation des turcs, même les visites des dirigeants Kurdes à Kirkuk sont boycottées. Par exemple, au début du mois d’août, le président de la région autonome du Kurdistan Sud M. Massoud Barzani s’est rendu dans cette ville pour transmettre un message de paix à Kirkuk. Il a été, pendant quelques heures, boycotté par les représentants du Front Turcoman irakien. A travers les médias turcs, nous avons bien vu que la Turquie est contente de ces manifestations organisées par le front Turcoman.

Il faut rappeler que la ville de Kirkuk, située à 250 kilomètres au nord de Bagdad, est une ville qui a une grande importance pour les Kurdes. Pas seulement aujourd’hui. Dans l’histoire des Kurdes, elle a toujours gardé son importance. C’est dans les années 1980 que l’ancien dictateur Saddam Hussein l’a placée hors de la région du Kurdistan irakien. Alors que cette ville a été toujours habitée par les Kurdes et les Assyriens. Surtout, c’est après la deuxième guerre mondiale que les Turcomans ont été placés dans la région du Kirkuk et ils ont commencé à devenir une force politique qui sert à la Turquie.

D’après moi, la solution au problème de cette ville doit se faire selon l’article 140 de la constitution irakienne. Cet article prévoit la tenue d’un référendum après que des mesures auront été prises pour annuler les conséquences de l’arabisation forcée menée par Saddam Hussein dans cette région riche en pétrole. La ville fait partie du Kurdistan, mais toutes les composantes de cette ville, les Kurdes, les Assyriens, les Turcomans et les Arabes doivent y vivre ensemble.

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