Le monde décrit dans la première partie est un monde à dominante nettement sémitique depuis au moins trois mille ans. Ce monde avait certaines interférences avec d’autres populations que l’on qualifie d’Asianiques. Dans ce monde vont arriver, dès 2000 av. J.C. et en plusieurs vagues, les Indo-Européens et plus spécifiquement la branche aryenne qui va modifier considérablement les composantes ethniques de la région. Ce sont ces mêmes Aryens dont un groupe de l’Est va descendre jusqu’au-delà de l’Indus qui vont fonder la civilisation indienne dans le sous-continent du même nom.
D’où viennent ces Indo-Européens? Sur leur lieu d’origine, on n’a aucune certitude absolue, cependant la découverte de la civilisation du Kouban, permet de penser que leur lieu de concentration avant les grandes migrations vers l’Ouest, le Sud et l’Est se trouve dans une vaste région de steppes qui s’étend du Dniepr jusqu’au Kazakhstan actuel.
Pourquoi migrent-ils en masse est la deuxième question? La théorie généralement admise est qu’à la fin de la dernière glaciation, celle de Würm en 12000-10000 av. J.C., la steppe eurasienne connaît une période climatologique bénéfique. La steppe est riche en fourrage ce qui permet à ces grands pasteurs nomades de connaître une expansion démographique importante. Cette steppe, ainsi que sa prolongation naturelle, la steppe sibérienne, va devenir un réservoir de populations vite excédentaires et par conséquent un réservoir d’émigrants dès que cette steppe va connaître des périodes cycliques d’assèchement.
Ces migrants vont descendre vers le monde riche et sédentaire de l’Ouest et surtout du Sud. Trois voies de pénétration ont été définies pour le Moyen-Orient: le Bosphore en contournant la mer Noire, le Caucase et à l’est de la Caspienne par le plateau iranien. Ces Indo-Européens, on les divise en deux groupes linguistiques, ceux de l’Ouest appartiennent majoritairement au groupe "Kentum", ceux de l’Est, dont les Aryens, au groupe "Satem". Ils ont tous en commun la structure de la langue, mélange de langue à flexion et de langue agglutinante et utilisant les déclinaisons.
Leur société est basée sur un système que l’on peut qualifier de castes, il y a les prêtres (mages, druides, brahmanes…) qui dirigent, les guerriers (marianni, ksatriyas…) qui défendent et attaquent et les gens du peuple.
Sur le plan religieux, ils pratiquent une espèce de monisme basé sur culte du feu, ils n’ont pas de temple et les cérémonies se font en plein air.
Ce sont ces nomades pasteurs qui ont vraisemblablement domestiqué le cheval, ils connaissent la roue à rayons et le char de guerre. Ils maîtrisent remarquablement la métallurgie et sont probablement avec les Caucasiens, les premiers à utiliser le fer. Cet ensemble de technicité lié à des instincts belliqueux va leur donner une force irrésistible.
Les Hittites
Les premiers authentifiés dans l’Histoire sont les Hittites. Au début du 19e siècle, on ne connaissait rien d’eux, on avait perdu jusqu’à leur souvenir. La bible parlait bien des Hatti, des fils de Heth, l’Egypte pharaonique aussi gardait leur trace mais on croyait qu’il s’agissait d’un petit peuple obscur et sans importance, disparu sans laisser de traces. Ce sont les découvertes de Texier et Burckhardt au début du 19e siècle, les fouilles en Turquie, le déchiffrage des archives, les tablettes de Tell al Amarna qui vont éclairer l’historien dès la fin du même siècle.
Les Hittites, dénomination trompeuse puisque eux-mêmes se nomment Nésites, arrivent en Anatolie Centrale dès le 20e siècle av. J.C.. Ils s’installent dans les environs du village actuel de Bogâzköy, à Hattousa, ville peuplée auparavant par des Asianiques, les authentiques Hatti dont ils vont conserver le nom. Ils ont été précédés de peu par les Luwites, qui ont la même origine mais qui seront dominés par les Hittites Nésites. Leur empire sera très vite puissant, ils détruiront en -1650 la ville de Babylone.
Leurs dieux sont multiples car ils adoptent tous ceux qu’ils rencontrent au fur et à mesure de leurs conquêtes. Nous connaissons le texte d’un traité avec le royaume voisin du Mitanni, où ils invoquent leurs dieux communs: Mithra, Varuna, Indra ( dieux typiquement aryens ). Parmi leurs dieux, on compte la déesse soleil d’Arinna, le dieu de l’orage Teshup et de nombreux autres qu’il serait fastidieux de citer.
Il faudra attendre 1917 pour qu’un savant tchèque Hrosny arrive à déchiffrer leur langue écrite en écriture cunéiforme. Surprise! C’est une langue indo-européenne du groupe "kentum" au même titre que le grec, le latin, les idiomes celtiques et germaniques. Il est intéressant de connaître la phrase clé qui a permis ce déchiffrement:
NU NINDA AN EZZANTENI VÂDAR MA EKKUTENI Maintenant ils ont mangé le pain et ils ont bu l’eau.
Quels sont les apports des Hittites? Ils ont notablement amélioré la taille de la pierre, ils ont construit de remarquables villes citadelles entourées de fortifications avec glacis et enceintes crénelées. Ils utilisent le char de guerre à roues rayonnées dont ils sont peut-être les inventeurs, ils connaissent la métallurgie du fer, vingt fois plus cher que l’or et dont ils semblent être les seuls détenteurs. Ils ont été les premiers à représenter aux portes de leurs cités des animaux à tête d’homme avec des ailes, type de statuaire que l’on retrouvera plus tard dans l’ensemble du Moyen-Orient. Leur emblématique comprend l’aigle à deux têtes et les représentations de cerfs et d’autres animaux de la steppe ornent leurs bas-reliefs.
Sur le plan social et politique, ils ont une conception laïque de la monarchie, le roi doit être accepté par le "panku" – conseil des nobles, en justice, ils pratiquent la loi du wergeld c’est à dire la réparation monétaire des dommages, les esclaves ont des droits. Ils sont imprégnés d’un grand sens de l’individualité et ont écrit des annales qui témoignent d’un réel sens historique.
L’extension de leur empire qui va se réaliser autant par des traités que par des guerres, va les mettre en concurrence, en Syrie, avec l’Egypte. La célèbre bataille de Kadesh entre Ramsès II et Hattusil III ne connaîtra pas de vainqueur et se terminera par un accord de paix. La fille d’Hattusil III, Matneferouna, succèdera à Néfertari comme première épouse de Ramsès II. Mais la fin de ce puissant empire approche, en -1200, il sera dévasté par les Phrygiens eux-mêmes poussés en avant par d’autres peuples envahisseurs. De nouveaux royaumes appelés néo-Hittites se formeront plus au sud, dans le nord de la Syrie mais ils n’auront pas la même puissance et tomberont sous les coups, en -720, des conquérants assyriens.
Les Mitanni
Un autre royaume important de l’époque, le Mitanni peuplé d’Hurrites ( asianiques?) mais dont les chefs sont d’origine aryenne va se construire à l’est de l’empire hittite avec qui ils seront en lutte continuelle. Leurs chevaliers s’appellent les "marianni" du mot "maria" jeune-homme en védique, on a retrouvé un traité d’hippologie écrit par un Mitannien truffé de mots d’origine sanskrite ce qui confirme le rapport avec les Aryens. Leur royaume va durer du 17e au 13e siècle av. J.C.. Rappelons qu’il s’étendait sur des régions comprises dans le Kurdistan actuel et que sa population fait sans doute partie du substrat du peuple kurde.
Les Hyksos
Il faut également citer les Hyksos, ces rois-pasteurs qui ont envahi l’Egypte au 16e siècle av. J.C. et vont y régner plus d’un siècle. C’est une population ethniquement peu homogène à prédominance sémite mais leurs chefs sont plus que probablement des Indo-Aryens issus du Mitanni. Ils utilisent le char de guerre attelé, l’arc composite et un bronze plus résistant que celui des Egyptiens. Ce sont toutes des innovations inconnues en Egypte à cette époque. Chassés, après un siècle, par les Egyptiens, ils vont se retirer d’une part en Libye Cyrénaïque et d’autre part dans la région de Gaza où ils vont s’intégrer à la population locale.
Les Mèdes
Dès 1400 av. J.C., des Aryens parmi lesquels se trouve le groupe médo-perse pénètre en Iran en venant du Nord-Est et en se dirigeant progressivement vers l’Ouest. Ces tribus vont passer du nomadisme au semi-nomadisme en circuit court et à la sédentarité.
On parlera plus précisément des Mèdes et des Perses mais aussi des Parthes et des Scythes ( Saces) et finalement des Kurdes.
Les premiers connus historiquement sont les Mèdes ou Mada ( peuple des hordes), ils vont détruire l’empire assyrien. La première mention faite d’eux dans l’Histoire se trouve sur une tablette assyrienne faisant mention d’un pays "Parsua" dans le Kurdistan iranien actuel ( 837 av. J.C.) où vingt sept chefs règnent sur vingt sept états peuplés de gens appelés Mada ou Madaï. Ces Mèdes viennent de l’Ouzbékistan actuel, après avoir séjourné près du lac d’Ourmia, ils sont arrivés et se sont installés dans la région à l’époque peu peuplée de ce qui deviendra Ecbatane ( carrefour des chemins ), l’actuelle Hamadhan, où ils se mirent à cultiver tout en continuant l’élevage. C’est au contact des Mèdes que les Assyriens qui ne connaissaient que le char de guerre vont apprendre l’art de la cavalerie. Les chevaux mèdes seront très sollicités et payés à prix d’or, avec eux on entre dans le monde des guerriers cavaliers.
Les Mèdes tiraient leur vigueur d’une vie simple et frugale, rapportent les auteurs grecs. Après avoir été agressés et envahis de nombreuses fois par les Assyriens, ils s’endurcirent et apprirent l’art de la guerre. Leur roi Cyaxare va détruire Ninive en -612. Après ce coup d’éclat, il va conquérir toute l’Asie occidentale et atteindre les portes de Sardes à l’ouest de l’Anatolie. Cyaxare avait bâti un empire embrassant l’Assyrie, la Médie et la Perse. Une génération après sa mort, sous Astyage le débauché, l’empire mède s’effondre en -549. Cet empire n’a pas eu le temps de développer une civilisation propre mais il va servir de prélude à l’empire perse.
Les Mèdes n’ont laissé aucune trace écrite de leur langue. Le gouvernement mède a des archives mais elles sont écrites en araméen, la lingua franca de l’époque. On ne connaît de la langue mède que quelques transcriptions en grec par Hérodote et par son influence sur le vieux perse. Hérodote cite les "théogonies" récitées par les mages, venant d’une seule tribu (caste) où sont recrutés les prêtres. Ils pratiquaient le culte solaire, le culte du feu et la divination.
Les Perses
Cyrus II, le Perse, se révolte contre les Mèdes qui deviennent sujets de la Perse et l’acceptent sans protester.
Avec ce grand roi, commence la gloire des Perses et de sa dynastie, les Achéménides qui vont régner de 558 à 334 av. J.C.. Les rois les plus célèbres sont Cyrus II le conquérant et Darius 1er qui sera le grand organisateur de l’empire démesuré s’étendant de la côte ionienne jusqu’à l’Afghanistan et l’Indus. Ce roi va légiférer, créer la darique (monnaie en or) et développer les voies de communication dont une ébauche du futur canal de Suez. Grand bâtisseur, il fait construire Persépolis, la nouvelle Suse et Pasargades.
Les bas-reliefs des palais représentent les défilés des pays conquis faisant allégeance au Grand Roi, on y voit les peuples Indo-Aryens, les Sémites, les Asianiques et même les Libyens. L’administration centrale utilise des satrapes qui gouvernent les provinces.
Ce qu’on connaît de cet empire a été surtout rapporté par les auteurs grecs tel Hérodote, car les Achéménides ont très peu transmis sur le plan historique, s’ils tiennent des archives avec des comptabilités minutieuses, ils ne rendent pas compte des événements de leurs règnes. Leur écriture est cunéiforme, syllabo-phonétique et comporte trente sept signes. Elle s’écrit de gauche à droite. Cette écriture sera remplacée par le pehlevi dès l’époque parthe qui s’inspire des écritures araméennes.
Les Achéménides ont une grande tolérance religieuse. Ils pratiquent le mazdéisme que l’on fait remonter à Zarathoustra mais il faut rappeler que les hymnes et les Avesta n’ont été mis par écrit que sous les Sassanides soit vers le 5e siècle après J.C. et cela dans une langue morte parlée mille ans auparavant. Zarathoustra a été un réformateur de la vieille religion aryenne et a donné la première place à Ahoura Mazda, opposé à Ahriman. Il semble que ce n’est que sous Artaxerxés que Ahoura Mazda sera systématiquement invoqué même s’il figure sur tous les monuments de Persépolis.
Sur le plan artistique, les Achéménides ont laissé de nombreux témoignages, on peut encore admirer les vestiges somptueux de vastes palais à colonnades, d’escaliers monumentaux, de décors richement sculptés de bas-reliefs. Darius, pour ses palais, fait venir des artisans que l’on appelle "kurtas" de toutes les provinces de l’empire. Ils vont arriver à créer une synthèse originale de toutes les influences qui ont précédé. Leur technique est toujours parfaite. Leur art le plus accompli est l’art animalier qui les rapproche de l’art scythe.
Les Perses sont battus à Issos et Gaugamélès en -334 par Alexandre de Macédoine.
Les Parthes
Les Parthes apparaissent en Iran vers la même époque. C’est dans l’histoire des peuples aryens, la période sur laquelle on trouve le moins de sources à part l’historiographie gréco-latine.
Dès la première moitié du 3e siècle av. J.C. des tribus scythes font irruption en Iran, elles viennent de la mer d’Aral et s’installent dans ce qu’on appellera la Parthie, située à l’est de l’Iran actuel, on les appelle Parnes (ou Aparnes). Très vite, ils se rendent indépendants du pouvoir séleucide dont ils profiteront de la faiblesse pour se tailler leur empire. Leur première capitale est Hécatompylos et le véritable fondateur de leur puissance est Mithridate 1er ( 171-138 ). Il s’empare de la Médie, entre à Séleucie où il est reconnu roi. Il fonde la dynastie des Arsacides. Il se heurtera aux Scythes orientaux, les Sakas ( Saces ). A sa mort en -138, il a conquis outre la Parthie, l’Hyrcanie, la Médie, la Babylonie, l’Assyrie, l’Elymaïde et probablement une partie de la Perside. Durant un siècle, les Parthes vont connaître des luttes incessantes, entre autres contre Tigrane, le puissant roi d’Arménie. Les Saces, les Huns du groupe turc et les Tokhariens leur causent de graves difficultés sur leurs frontières orientales.
Le commerce se développe à cette époque, on assiste même à des transactions avec les Chinois qui envoient un ambassadeur en Parthie en -125. La route de la soie se raffermit, elle jouera un rôle économique important pendant plusieurs siècles.
Les Parthes entrent en conflit avec Rome qui s’est installée en Syrie, en Anatolie, en Palestine et en Egypte. Les Parthes se sont vus obligés de déplacer leur capitale et ont fondé Ctésiphon en Babylonie pour mieux défendre leurs territoires et en centraliser l’administration. Les conflits avec les Romains sont incessants et, alors que Trajan conquiert l’Arménie, les troupes romaines arrivent aux portes de Ctésiphon. Le désordre s’installe et un Perse tue le dernier des Artabans en 224 après J.C.. Il est cependant à noter que certaines dynasties arsacides vont rester au pouvoir dont celle qui règne en Arménie à l’époque des Sassanides.
Une des faiblesses des Arsacides est liée au manque de centralisation du pouvoir monarchique qui n’est même pas héréditaire, le roi est élu par les grands et le système entraîne même des massacres entre les familles rivales.
On n’a pas fouillé de sites proprement parthes et tout ce que nous en savons est dans la tradition orale et écrite. On n’a rien découvert à Ctésiphon, seul le site de Nisa, centre religieux des Parthes témoigne de l’importance de l’influence grecque sur leur art. Palmyre, leur grand centre caravanier a une architecture semblable à celle de la Syrie romaine. C’est pareil pour Doura-Europos, grande colonie militaire au bord de l’Euphrate et qui conquise par les Romains en 164, sera le centre de défense de la frontière et du fleuve contre les Parthes. Ce qui, par contre, est nouveau c’est leur art de la frontalité, en effet les visages sur les bas-reliefs sont toujours représentés de face.
Leur religion est la vieille religion iranienne pré-zoroastrienne mêlée d’éléments grecs et sémitiques (une de leur dynastie, qui règne en Adiabène, capitale Arbèles, se convertira même au judaïsme et leur reine Hélène aurait été enterrée à Jérusalem). Le culte du feu est attesté à de nombreux endroits mais c’est le culte de Mithra, dieu aryen solaire et sauveur, qui reste le mieux connu surtout dans la forme curieuse qu’il prendra dans le cadre gréco-romain.
Leur langue est le parthava dont dérive le pehlevi qui deviendra la langue officielle des Sassanides. La langue véhiculaire reste toutefois l’araméen.
Les Scythes
On ne peut pas ne pas parler des Scythes, omniprésents à cette époque. Ils sont classés comme Indo-Aryens mais ne paraissent pas avoir une grande homogénéité ethnique. Ils ont suivi le même chemin de pénétration que les autres peuples iraniens au seuil du premier millénaire av. J.C., à la recherche de nouveaux pâturages. Les Scythes de l’Ouest envahirent les Cimmériens installés en Lydie et soumirent les tribus environnantes. Dès le 8e siècle, ils ravageaient les royaumes du Proche et Moyen-Orient, ils vont même conquérir provisoirement la Médie, la Syrie et la Palestine jusqu’en -611, leur domination qui, dans ces régions, n’a duré que vingt-cinq ans va laisser des souvenirs apocalyptiques. Ce sont les Mèdes qui vont chasser les Scythes, ceux-ci vont se retirer au nord du Caucase dans la Crimée actuelle où ils vont se sédentariser et même se mettre à cultiver. Ils commercent avec les Grecs à qui ils fournissent du blé, du bois et des peaux en échange de produits de luxe dont les merveilleux bijoux et accessoires en or réalisés à leur demande qui font la gloire des musées russes. Ils continuent cependant leurs incursions pillardes en Médie et en Perse. Darius va essayer de les poursuivre mais sans résultat. Peu à peu, ils finissent par disparaître en se fondant avec d’autres tribus au début de notre ère, sous la pression d’autres hordes dont celles des Sarmates et des Huns.
Leur iconographie montre des gens barbus, trapus. Les Grecs parlent d’eux en les qualifiant de bons commerçants et de bons guerriers. Ils aiment le vin et boivent du koumis ( lait de jument fermenté).
Leurs vêtements sont richement ornés de fourrures et de bijoux d’or, ainsi que le harnachement de leurs chevaux. En effet, leur cheval est leur fierté, toujours monté jamais attelé, les lourds chariots où vit la famille sont tirés par des boeufs. Au galop, ils utilisent le lasso en plus des autres moyens d’attaque que sont les arcs et les flèches. Leurs pratiques religieuses sont surtout funéraires. On a fouillé, au siècle dernier, leurs tombes très riches en objets d’or dans la région de Kourgan (en Sibérie occidentale). Dans la steppe, on a retrouvé des restes de villes avec des citadelles, des maisons ovales aux murs de bois ou en argile. A Néapolis, leur capitale de Crimée, on a retrouvé des bâtiments somptueux en pierre aux chapiteaux sculptés et ornés de peintures murales.
Par souci de précision, il faut citer les Saces ( Scythes de l’Est ) qui vont fonder en Inde des royaumes indo-scythes, les Kouchans.
Les Kurdes
Il faut en arriver aux Kurdes, où les situer dans ce monde multiethnique et multiculturel?
Les origines des Kurdes sont en fait controversées, les uns affirment qu’ils sont indo-iraniens au même titre que les populations de la Perse et il est un fait indéniable que leur langue appartient au groupe iranien de l’Ouest, d’autres les apparentent aux asianiques autochtones tels les Géorgiens ou les Ourartéens, les Géorgiens n’ont émigré vers la Géorgie actuelle que vers le 5e siècle av. J.C., quant aux Ourartéens, il est reconnu qu’ils se sont fondus dans la population arménienne qui leur a succédé. Par contre, il n’est pas douteux que des tribus aryennes et aryanisées aient peuplé le Kurdistan actuel dès le 12e siècle avant notre ère.
Les tribus kurdes passeront sous les mouvances successives des Assyriens, des Achéménides, des Séleucides, des Parthes etc.. Ce peuple ancien, à travers tous les aléas de l’histoire a gardé ses particularismes, ceci est sans doute dû à sa zone d’habitat dans des régions difficiles d’accès, dans des montagnes escarpées aux vallées éloignées les unes des autres, le Taurus oriental et une partie du Zagros.
En revenant à leurs origines, il paraît opportun d’examiner brièvement quelques théories habituellement répandues. La plus entendue est celle qui en fait les descendants des Mèdes, apportons cependant un correctif, les Mèdes impériaux n’étaient qu’une partie des tribus médiques qui comprenaient des tribus restées indépendantes telles les Mardes, en effet, autant dans les textes grecs que perses de l’époque achéménide, les Mèdes et les Mardes sont toujours signalés comme étant des peuples différents non seulement quant à leur localisation mais aussi par leurs moeurs et leurs habitudes. Les Mardes, à l’inverse des Mèdes ont des usages très similaires à ceux des Kardouques qui eux aussi sont présentés comme ancêtres des Kurdes et qui habitaient la Gordyène antique qui forme une région du Kurdistan actuel. L’habitat des Mardes se trouve au sud-est de la Caspienne à proximité de la ville de Téhéran actuelle ce qui paraît très éloigné du Kurdistan mais on trouve dans les "provinces" du royaume d’Arménie, au 7e siècle après J.C., une région appelée Mardastan et se trouvant à l’est du lac de Van. Ce qui laisserait supposer que des populations mardes se seraient séparées des autres et seraient venues s’installer beaucoup plus à l’Ouest. On parle également des Kyrtioi qui seraient membres d’une tribu scythe, c’est possible mais ce serait le résultat d’une fusion avec d’autres peuples, car dans les tribus scythes habituellement citées, on ne trouve pas trace des Kyrtioi.
Dans les peuples cités comme ayant constitué le substrat ethnique des Kurdes actuels, on peut parler des peuples du Subartu, de l’Ourartou, du Mitanni, ayant vécu à des périodes antérieures.
On peut également parler des Ouxiens, des Cosséens, des Sagartiens, des Cholques, car ces diverses tribus habitant le Zagros ont toujours, au même titre que les Mardes et les Kardouques, sauvegardé une farouche indépendance par rapport aux pouvoirs de l’époque qu’ils soient mèdes, perses ou grecs.
Il faut à ce propos citer les textes des auteurs classiques grecs et latins qui les citent dans leurs écrits sur la Perse.
Hérodote parle des Mardes comme d’une population guerrière et agressive, des Sagartiens utilisant le lasso comme les Scythes, des Ouxiens vivant dans les montagnes et pratiquant un nomadisme à court rayon d’action articulé avec une agriculture de fond de vallée, exactement comme les Kurdes actuels. Arrien parle de ces populations en insistant sur le fait qu’ils ne versent pas tribut aux grands rois qu’ils soient achéménides ou séleucides et qu’au contraire ceux-ci doivent leur faire des dons pour traverser leurs montagnes. Diodore raconte que les Grecs, retournant en Ionie, furent abandonnés par leur guide aux abords du pays des Kardouques, les Perses étant persuadés qu’ils ne pourraient pas échapper aux attaques de ces populations montagnardes. Xénophon aussi, dans l’Anabase, raconte: "Les Kardouques n’obéissent pas au roi, ils sont ennemis du roi et libres", plus loin " une immense armée perse composée de dix myriades fut anéantie lors d’une campagne menée contre les Kardouques, plus loin encore, " quand ils vivaient en paix avec le satrape de la plaine, il existait des relations réciproques entre les deux contrées". Selon Arrien et Hérodote, les Kardouques fournissent des contingents aux armées royales lors de grandes campagnes et à titre de mercenaires royaux. Quant à Quinte-Curce et Strabon, ils citent les Kardouques parmi les peuples brigands et belliqueux qui exigent des tributs du grand roi pour le laisser tranquille.
Les historiens grecs et latins témoignent donc d’une tradition homogène, les montagnes de Perse et de Médie et environnantes sont habitées par des populations iranophones, définies par un mode de vie particulier fondé sur l’élevage, le semi-nomadisme, une agriculture de subsistance et, il faut bien le dire, sur le brigandage. Tous ces peuples se caractérisent par leur indépendance vis-à-vis du pouvoir quel qu’il soit, même si, volontairement, il leur arrive d’envoyer des mercenaires au grand roi quand il le demande.
Nous nous trouvons donc exactement face à la définition du mode de vie des Kurdes tout au long des siècles: libres, autonomes, fiers et ces traits de caractère correspondent toujours à leurs aspirations actuelles.
 

 

F
E
E
D

B
A
C
K