Dès le 23 avril 1920, à Ankara devenue capitale de son mouvement nationaliste, Kemal réunit une Grande Assemblée nationale turque après avoir éliminé les Grecs à Sakarya et les forces d’occupation qu’elles soient britanniques, italiennes ou françaises. Dès 1922, il supprime le sultanat et, le 29 octobre 1923, peu après la signature du traité de Lausanne dans lequel son envoyé Ismet Inönü avait obtenu la reconnaissance du nouvel État: la Turquie qui englobait la majorité des Kurdes.
Pourquoi ce revirement des forces occidentales victorieuses? La situation eurasienne avait changé et les vainqueurs craignaient l’Empire soviétique qui venait d’être créé, il fallait un État fort à sa frontière sud et seul un nouvel État solide : la Turquie, pouvait jouer ce rôle.
Dès la fin du sultanat, les Kurdes s’étaient sentis libérés de toute contrainte morale vis-à-vis de ce nouvel État dans la mesure où leurs tribus s’estimaient uniquement liées au sultan déposé et ce dans un statut que l’on peut qualifier de féodal et librement consenti par elles. À l’inverse des autres populations conquises par les Turcs seljdoukides puis ottomans dès le XIe siècle, les Kurdes ne s’étaient jamais fondus dans la société anatolienne. D’origine aryenne, ils avaient conservé leur langue, leurs coutumes et leur territoire montagneux assez bien délimité par des frontières naturelles.

Le kémalisme

Mustapha Kemal est un ultra-nationaliste convaincu. Pour lui, il ne peut y avoir qu’un seul peuple dans cette nouvelle Turquie, cela implique une seule langue et une seule religion et seule la Grande Assemblée nationale peut représenter la nation. Dès le début de la reconquête, Mustafa Kemal est l’objet d’un culte dans la population turque, on lui attribue le patronyme d’Atatürk (Turc-Père). Le culte de la personnalité est d’ailleurs très présent également en Europe que ce soit au Portugal de Salazar, en Italie mussolinienne, dans l’Empire soviétique ou dans le nazisme naissant en Allemagne.
Mustapha Kemal a un objectif : faire de la Turquie un pays " moderne " ce qui pour lui signifie une autocratie dominée par les Turcs où tout ce qui peut entraver sa politique doit être éliminé. On crée un alphabet en caractères latins, on adopte les chiffres internationaux, on établit une Constitution où le fait turc est la seule référence et, dans la mesure du possible, on essaye d’éliminer l’islam qui doit être au service du pouvoir. Un parti unique: le CHP, porteur de son projet est créé, c’est alors que va naître en Turquie, un nationalisme exacerbé empreint d’une exaltation dangereuse. Dans ce but unificateur, on essaie d’éliminer, s’il le faut par la force les cultes ou religions différents qu’ils soient musulmans (alévis) ou chrétiens, et seul l’islam sunnite de rite hanafite est accepté.
Le culte de la personnalité d’Atatürk, à l’inverse de ce qui s’est passé dans l’ensemble du monde occidental pour d’autres dictateurs, règne encore à notre époque dans le monde turc et, curieusement, il se perpétue dans les milieux turcs de l’émigration: en Europe, dans les quartiers turcs, il n’y a pas un commerce ou une maison où on ne trouve pas un portrait d’Atatürk qui jouit d’un véritable culte.
Toute évolution, toute révision des principes édictés par " l’ icône " qu’est devenu Mustapha Kemal est assimilé à une menace vis-à-vis de la nation turque. Depuis la création de la Turquie, il est évident que les Kurdes et toutes les minorités ethniques ou religieuses subissent une véritable " persécution ". Dans le quotidien des Kurdes qui sont les plus nombreux et de loin parmi ces minorités (on peut évaluer leur nombre de 15 à 20% de la population globale du pays), toutes les interdictions qu’elles soient linguistiques ou culturelles, restent insupportables et provoquent  révoltes et guérilla. Toutes les révoltes kurdes ont été noyées dans le sang et la paupérisation de la population kurde dans leur région ou dans les bidonvilles où ils ont dû se réfugier, n’a fait que croître. Pourtant, un petit espoir se lève, il semble que le poids des principes kémalistes s’affaiblit ce qui permet d’espérer qu’un solution démocratique à long terme est possible. Si l’icône Atatürk tombe enfin de son socle, les Kurdes pourront entrevoir un avenir démocratique!

Relation entre l’État kémaliste et l’islam

On sait qu’un des buts de Mustapha Kemal était l’affaiblissement de l’influence de l’islam dans la société turque. La Turquie s’est même prétendue être un État laïc au sens jacobin du terme. En fait,  95% de la population se dit musulmane et, selon le point de vue des laïcistes turcs, le succès de l’AKP a été une insulte au kémalisme. Ces kémalistes sont encore présents en Turquie et surtout très actifs dans les arcanes du " derin devlet " que l’on traduit par État profond; comme preuve évidente de cet état de fait, il y a le passage de l’AKP devant la Cour constitutionnelle toujours très infiltrée par la mouvance ultra-kémaliste. Les laïcistes accusaient le parti islamique de vouloir à long terme détruire le régime dit laïc de la république turque et le déclarait contraire à la Constitution en portant un doigt accusateur sur la levée par le gouvernement de l’interdiction de porter le foulard islamique dans les campus universitaires (rappelons que cette interdiction date en fait de 1982 et est une des conséquences du deuxième putsch militaire de 1980). Cette offensive du camp kémaliste n’a pas eu le résultat attendu et, alors qu’il s’est toujours évertué à diminuer le rôle joué par l’islam en Turquie dans la construction des individus, il a subi un échec patent puisque la Cour constitutionnelle n’a pas interdit le parti. Cette diabolisation de l’islam en Turquie est d’autant plus ridicule qu’au cours des siècles, dès l’Empire ottoman, s’est construite une relation à la religion qui la tenait à une certaine distance afin d’assurer la prééminence de la bureaucratie, cette caractéristique est d’ailleurs la marque de l’exception turque dans le monde islamique. Tout au long de son histoire, l’Anatolie ottomane a connu des exécutions de religieux lors de différentes révoltes et selon des spécialistes turcs de l’islam dont le Pr. Serif Mardin (professeur à l’université Sabanci à Istanbul et à l’université de Washington), les fortes tensions sur le port du voile et sur la crainte des   d’une islamisation radicale, viennent de l’incapacité du kémalisme à dépasser son simple statut de projet politique de libération nationale. Selon lui, le kémalisme est une idéologie sans profondeur, incapable de définir une véritable philosophie sociétale et ne peut échapper à l’extinction.
Ces arguments qui peuvent paraître évidents et normaux aux occidentaux, sont en fait une véritable   torpille envoyée contre le kémalisme. Dans ce même état d’esprit, il est intéressant de rapporter un fait divers présenté par le journaliste Can Dündar dans Milliyet : un film consacré à Atatürk sous le titre  " Mustafa ", et ce qui peut paraître anodin pour un occidental est en fait une véritable " révolution ".  Pour mémoire, lorsqu’à la fin des années 1970, Hollywood avait demandé la permission de tourner  un film sur Atatürk, celle-ci lui avait été refusée par le gouvernement turc sous prétexte que jouer le personnage du " Père des Turcs " équivaudrait à un manque de respect à son égard. Changement évident dans les mentalités: le film qui vient de sortir évoque certains défauts du personnage ce qui équivaut à un crime de lèse-majesté tout-à-fait novateur, on y évoque son ambition démesurée, ses amours pour de très jeunes femmes, son penchant pour l’alcool etc.. Cela ne peut que déplaire aux milieux kémalistes. Le film essaie aussi de réhabiliter la figure du dernier sultan ottoman qui, jusqu’à présent, avait toujours été présenté comme un traître, valet de l’impérialisme occidental. Le film signale aussi qu’Atatürk a eu des velléités d’accorder l’autonomie aux Kurdes ce qui est une véritable atteinte à l’image de Kemal. On y démontre également le fait que contrairement à la légende, il a utilisé la religion quand il l’estimait nécessaire ce qui prouve les rapports ambigus et opportunistes d’Atatürk avec l’islam. Dans un autre journal turc (Star), on estime que ce film documentaire est équilibré et présente un personnage souvent mis en exemple mais qui doit aussi  être considéré comme le responsable de nombreux problèmes actuels.          

Craintes et attaques des laïcistes

Dans les attaques contre l’AKP, il est intéressant de mettre en évidence les causes des réactions laïcistes. Au départ, il faut rappeler le phantasme très répandu dans ces milieux que la société turque  est laïque et donc mise à mal par l’AKP. C’est un faux procès car une société où, depuis des décennies et, dès l’école primaire, tout enfant doit suivre le cours d’islam sunnite hanafite, donné par des fonctionnaires musulmans rétribués par l’État et ce à défaut de tout autre option religieuse ou philosophique ne peut en aucun cas se dire laïque. Pour qui connaît la Turquie dans son entièreté, ce pays n’a jamais donné l’image d’un pays laïc. Se contenter de connaître Istanbul ou Bodrum est totalement insuffisant pour avoir une image fiable de la société turque.
Des articles de journaux laïcards sont particulièrement féroces vis-à-vis de l’AKP accusé de tous les maux, on s’insurge sur le fait qu’on a à nouveau recours à des mots d’origine arabe donc issus du Coran, c’est un faux procès dans la mesure où c’est tout-à-fait artificiellement qu’au début du " règne " de Mustapha Kemal, on a inventé des termes turcs pour essayer d’éliminer l’influence de l’arabe dans la langue, or la langue turque originelle était celle de nomades analphabètes et il est évident que la langue a dû s’enrichir de termes liés à une civilisation préexistante. Turquiser les mots n’a été qu’une manière confuse de maquiller des mots arabes usuels, le terme essentiel de " devlet " (État) n’est que la turquisation du mot arabe " daulat " et c’est le cas de centaines de mots. Pour tous les termes techniques, juridiques ou administratifs, la langue turque a utilisé des mots européens souvent français alors…..! 
Grand drame également, l’alcool disparaît des tables! Que le raki soit moins vendu, il n’est pas certain que ce soit une régression sociale et on peut être sûr que le vin et tout autre alcool continuent à couler à flots dans les lieux touristiques. Dans les milieux simples d’Anatolie, l’alcool n’a jamais été très répandu et l’ayran (yoghourt allégé) a toujours été la boisson de base.
Le voile ou plutôt le foulard islamique est en progression ! Constatons que c’est une tendance lourde dans toutes les sociétés musulmanes actuelles même en Occident, c’est souvent devenu un effet de mode et laissons aux femmes le soin de décider ce qu’elles veulent porter à condition que cela ne soit pas imposé, on oublie par contre de rappeler que le port du voile noir de type tchador est en net recul alors qu’il y a peu, il était très présent même dans certains quartiers d’Istanbul.
La réaction de certains croyants n’est sans doute pas anormale, ils avaient eu l’impression d’avoir été marginalisés au nom de la (soi-disant) laïcité de l’État. L’Histoire nous apprend que le laïcisme ne s’impose pas, la République française s’y est essayée dans ses débuts et le XIXe siècle français a été puritain, rigoriste et très " catho ". La Belgique a fait sa révolution de 1789 pour défendre le catholicisme contre les tentatives de Joseph II d’en minimiser l’importance dans la société, depuis, la très catholique Belgique, à qui on n’a plus rien imposé, est devenue très laïque dans les faits et au véritable sens du terme.
Mustapha Kemal avait voulu faire de la population turque une population laïque, c’est raté!!! Au contraire, les actions laïcistes ont renforcé les sentiments d’appartenance à l’islam de la classe moyenne sans parler des classes sociales pauvres, c’est d’ailleurs chez elles que l’AKP a trouvé son électorat.
Rappelons aussi que le conservatisme social lié à l’islam n’empêche absolument pas la modernité économique, c’est ce que rappelle le journal Taraf  (ce qui signifie ‘prendre parti’, il a été fondé il y a moins d’un an) dans un article signé par Ahmet Altan: il est consacré à la ville de Kayseri ( un million d’habitants) située au centre de l’Anatolie. Cette ville prospère n’offre pas aux touristes la possibilité de trouver des restaurants où on sert du vin et pourtant cette ville est une des plus riches d’Anatolie, mais, insiste le journaliste, ce n’est pas dû à l’arrivée au pouvoir de l’AKP, cela a toujours été ainsi à Kayseri, c’est une ville de tradition commerçante et conservatrice dont les habitants n’ont toujours pas l’habitude d’aller au restaurant. Kayseri est une ville propre, ordonnée avec de vieilles mosquées bien entretenues. Sur la place de la préfecture qu’un éventuel touriste pourra admirer, se dresse une élégante petite tour de l’ " Horloge ", mais, à côté, et c’est dû à la pression sociale du système laïciste, se dresse une imposante statue d’Atatürk dont la taille dépasse celle de la tour et fait tache dans le paysage. Personne n’oserait dire qu’il faut la supprimer, c’est donc la preuve qu’il existe encore une très ancienne pression sociale kémaliste.
Cette ville où les femmes non voilées sont aussi nombreuses que les voilées, une seule chose importe vraiment: le commerce et l’exportation (surtout dans le domaine du textile et du mobilier). Les patrons sont de fervents partisans de l’AKP. On discute de tout à Kayseri même de la question kurde toujours au travers du prisme de l’économie, cela aussi c’est la modernité!

Le procès contre l’Ergenekon

Le président de la Cour de Cassation a accusé l’AKP de faire glisser la république " laïque " vers un État islamique. Au même moment, un procureur a visé une organisation clandestine avec des ramifications dans les milieux militaires: l’Ergenekon, accusé d’avoir pour but de répandre la terreur et de faire de la République un État fasciste. (Pour mémoire, Ergenekon est le nom du lieu mythique à l’est de l’Asie centrale où serait née la nation turque.)
Les kémalistes s’indignent, ce serait une action de riposte au procès contre l’AKP. Le secrétaire régional du CHP (formation politique historique des kémalistes), Deniz Baykal, voudrait interdire l’AKP et s’est auto-proclamé avocat des accusés du procès Ergenekon.
Le procureur qui traite cette affaire, Zekeriya Oz, se montre discret, il ne sort qu’escorté de quinze gardes du corps. Sa vie a basculé lorsqu’on a découvert une caisse de grenades dans la maison d’un officier à la retraite située dans la banlieue d’Istanbul. On a découvert des armes dans d’autres lieux, toujours liés à des officiers retraités de l’armée. On a également découvert des documents révélant l’existence de l’organisation clandestine " Ergenekon " regroupant des militaires, des universitaires, des journalistes et des dirigeants de petits partis politiques. Selon le procureur, cette organisation se serait bâtie sur les vestiges d’une organisation para-militaire, mise en place par l’OTAN dans les années 1950, pour lutter contre la menace communiste. Selon le dossier, cette organisation serait à la base d’une grande partie des actes de provocation violente et des assassinats non élucidés depuis une vingtaine d’années.
Parmi les inculpés, on trouve le général Veli Kücük, ex-commandant de la gendarmerie, l’état-major avait refusé dans les années 1990 qu’on enquête sur sa participation probable aux meurtres d’intellectuels et de nationalistes kurdes. Il était toujours aux premiers rangs lors des manifestations hostiles aux procès de libéraux inculpés pour atteinte à l’" identité turque ", le grand dada des kémalistes. On rapporte dans le journal Bugün sous la plume de Gülay Göktürk que, déjà, lors du scandale de Susurluk (1996) était révélée l’étendue des liaisons dangereuses entre l’armée, l’appareil d’État, la classe politique et la mafia d’extrême droite.
Le quotidien Taraf a publié systématiquement les fuites obtenues sur le déroulement de l’enquête. L’un des dirigeants du journal, Yasemin Congar, déclare: " Dans ce moment de tension, de nouvelles alliances voient le jour, notamment entre les musulmans et les libéraux non laïcistes. " Il faut espérer que ce procès, qui sera certainement très long, va permettre de porter un coup définitif à l’Ergenekon qui rappelons-le est issu d’un kémalisme outrancier qui interdit toute espérance pour les populations turque et kurde de connaître enfin une véritable démocratie.

Le réseau clandestin Ergenekon est animé par la haine des Kurdes

Les caractéristiques de ce mouvement clandestin sont l’ultra-nationalisme et une implication de type mafieux. De plus l’organisation semble animée par une haine viscérale des Kurdes à laquelle il faut ajouter une sérieuse hargne contre l’AKP. La question kurde est le domaine d’action privilégié du " derin devlet " et surtout de l’Ergenekon, sous prétexte de lutter contre le PKK, cette véritable structure occulte, intensifie l’affrontement turco-kurde afin de rendre le pays ingouvernable et de maintenir son pouvoir intact. C’est toujours le thème de l’"  État unitaire en danger " face au séparatisme kurde qui est largement exploité pour s’attirer les faveurs de la population, mais l’attaque contre l’AKP a changé la donne et la population semble être moins dupe des procédés de l’Ergenekon.
Il est par contre évident que le manque actuel de solution crédibles à la question kurde ne peut  qu’inciter l’organisation mafieuse à préparer un coup d’État. La situation que vit la région kurde et l’implication de l’armée expliquent les relais que ce gang putschiste trouve chez les militaires. La question kurde doit être solutionnée, c’est indispensable pour l’avenir de la démocratie en Turquie sinon le pays connaîtra continuellement des réseaux clandestins aussi nocifs qu’Ergenekon.
Rappelons que derrière cette volonté d’opposer Turcs et Kurdes, il y a des individus " magouilleurs " qui en profitent pour mener des opérations illégales. On a même découvert que la drogue venant d’Afghanistan qui transite par la région kurde est parfois transportée par des camions de l’armée et cela en toute impunité, c’est ce qu’a révélé le journal Taraf sous la plume d’Ahmet Altan.
Le pourrissement de la question kurde favorise le trafic de la drogue et des armes, mais ce n’est pas tout, il permet aussi à l’armée de conforter son pouvoir qui est aussi économique au travers de l’OYAK (puissante mutuelle dont les actifs financiers se retrouvent dans tous les secteurs économiques turcs).
En Turquie, les hommes politiques n’ont pas vraiment les mains libres, ils sont souvent coincés par les médias kémalistes revanchards et la pression de l’armée qui paralyse la classe politique, il est courant d’entendre que " quelqu’un qui aime son pays ne réclame pas la paix !) ce discours implique donc que vouloir la paix est une trahison.  Dans ces conditions comment ne pas comprendre qu’un réseau terroriste et relevant du gangstérisme tel Ergenekon ait pu s’installer dans un pays qui, pourtant, se veut démocratique.

Le rôle des médias 

On assiste à un indéniable changement dans certains médias turcs qui expriment les voix de certains intellectuels. On constate également que la diversification du paysage médiatique rend de plus en  plus difficile la manipulation de l’opinion publique. La Turquie semble avoir la volonté ferme de sortir de l’ère des coups d’État à répétition qui sont intervenus régulièrement dans la vie politique et sociale, les médias ne sont plus prêts à s’y soumettre alors qu’auparavant ils avaient souvent soutenu  le processus de préparation des putschs en faisant croire à la population qu’un danger menaçait le pays.
Grâce à la diversification des médias, les provocations d’une certaine presse ont été désamorcées. Toutes les accusations lancées par la presse nationaliste contre l’AKP, accusé de vouloir mettre à mal la laïcité n’ont pas provoqué d’incessantes manifestations populaires.
En ce qui concerne les événements de Semdinli, la presse a pu prouver que les militaires turcs étaient impliqué dans l’opération des " escadrons de la mort " et, plus récemment, les zones d’ombre qui planaient sur l’authenticité de l’attaque, en octobre 2007, par le PKK du poste frontière de Daglica laquelle déclencha une riposte militaire turque, ont aussi été dévoilées par les médias de presse. C’est aussi cette presse libre qui a révélé les activités du gang Ergenekon. Les dépêches sans fondements ou carrément fausses ne font plus la loi dans la presse. La présence de médias libres dans l’espace public turc constitue l’assurance de la pérennité d’un système plus démocratique qui semble petit à petit s’affirmer.

Conclusion

Pour améliorer la paix sociale, il faut trouver une solution à la question kurde et même, selon certains médias, discuter avec Öcalan car le garder à l’isolement dans l’île-prison d’Imrali ne peut que nourrir des sentiments de frustration dans la population kurde.
Il faut arrêter d’exciter la population des villes, surtout celle qui survit dans le banlieues paupérisées, en proférant des slogans de vengeance et surtout cesser les appels à la mémoire de Mustapha Kemal qu’on serait en train de trahir. C’est ridicule d’imaginer qu’une qu’une doctrine ultra-nationaliste et revancharde créée en 1924 est encore de mise au XXIe siècle. Cette pensée a créé de toutes pièces la question kurde or il est temps de vivre en paix dans l’ensemble de la Turquie.
L’espoir qui se lève est le fait indéniable que les idées de Mustapha Kemal qui datent d’un autre siècle commencent à perdre le statut de " paroles d’évangile " alors qu’il a régné plus de septante ans non seulement dans la vie politique, mais aussi dans le mental de la population ethniquement turque.
Il est temps que les " Loups gris " disparaissent de la vie politique, on ne doit pas rester dans un souvenir passéiste de la vie dans l’Altaï. Si la Turquie veut adhérer à l’Union européenne, elle doit enfin adhérer aux idées démocratiques qui préconisent la liberté de presse, d’opinion et le respect du droit des minorités. Pour établir une véritable démocratie moderne et apaisée, il faut donner aux Kurdes la possibilité de vivre et de s’exprimer librement.
Sommes-nous enfin au début d’un espoir pour les Kurdes ? Espérons-le!!!

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