Par ce vote, le Parlement confirme que la Suède doit reconnaître le génocide de 1915 des Arméniens, des Assyriens, des Syriaques, des  Chaldéens et des Grecs pontiques ; qu’elle doit agir au sein de l’UE et de l’ONU pour une reconnaissance internationale ainsi qu’auprès de la Turquie, afin que cette dernière reconnaisse ces génocides.

Quatre députés de la majorité de centre-droit ont désobéi à la consigne de leurs partis et ont voté en faveur de la motion, permettant son adoption surprise.

Le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt a immédiatement annoncé que la ligne de son gouvernement, qui soutient la candidature d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, "restait inchangée".

"Nous pensons que c’est une erreur de politiser l’histoire", écrit-il sur son blog depuis Copenhague où il participe à une réunion des chefs de la diplomatie des pays nordiques.

"La décision du Parlement ne va malheureusement pas faciliter le processus de normalisation en cours entre la Turquie et l’Arménie, ni le travail d’une commission qui doit enquêter sur les événements de 1915", estime M. Bildt.

"La décision ne va pas non plus faciliter le débat en Turquie qui est devenue toujours plus ouverte et tolérante dans son rapprochement avec l’UE et les réformes démocratiques que cela implique", poursuit le ministre.

Le 4 mars, une commission du Congrès américain a reconnu le génocide des Arméniens commis sous l’Empire ottoman, ignorant les mises en garde de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton et d’Ankara qui a immédiatement rappelé son ambassadeur en poste à Washington.

La Turquie a dénoncé le vote et annoncé le rappel de son ambassadeur à Stockholm pour consultations.

"Nous condamnons fermement cette décision. Notre peuple et notre gouvernement rejettent cette décision entachée de grandes erreurs et dénuée de fondement", déclarent les services du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan dans un communiqué.

Ce texte annonce le rappel à Ankara pour consultations de l’ambassadeur turc à Stockholm et l’annulation d’une visite en Suède de M. Erdogan prévue la semaine prochaine.

"Ceux qui pensent que les réalités historiques et la vision de la Turquie sur sa propre histoire vont changer avec des votes de parlements étrangers fondés sur des calculs politiques se trompent lourdement", ajoute le communiqué.

Interrogé par des journalistes, le président turc Abdullah Gül a pour sa part déploré lors d’une réception un "manque de respect envers l’histoire", tout en appelant à ne pas donner trop d’importance au sujet.

"Ils s’agit de gens qui agissent avec des motivations très basses. Leur manque de respect envers l’histoire est attristant (…) mais il ne s’agit pas d’un sujet dont il faille grossir l’importance", a déclaré M. Gül, cité par l’agence de presse Anatolie.

L’ambassadeur de Suède à Ankara devait être convoqué vendredi au ministère turc des Affaires étrangères, a rapporté la chaîne d’information CNN-Türk.

« Nous saluons les Assyro-Chaldéens et les Grecs pontiques, qui ont été les compagnons d’infortune des Arméniens victimes de l’entreprise génocidaire de l’Etat turc.  Nous félicitons les parlementaires suédois pour leur courage face aux pressions du lobby turc» a déclaré Hilda Tchoboian, Présidente de la Fédération Euro-Arménienne pour la Justice et la Démocratie

La Fédération Euro-Arménienne indique qu’en dépit des pressions et menaces du gouvernement turc, une semaine après le vote survenu dans la Chambre des Représentants des Etats-Unis, cette reconnaissance met en évidence l’échec de la politique négationniste de la Turquie.

« La Turquie a joué d’artifices en signant les protocoles avec l’Arménie dans l’espoir d’enterrer la question du génocide ; mais sa position est devenue intenable face à la marche inéluctable de  l’histoire pour la vérité » a annoncé Hilda Tchoboian.

La Fédération appelle le gouvernement suédois à appliquer les décisions de cette résolution parlementaire dans ses relations bilatérales avec la Turquie, mais également dans sa politique européenne, en les plaçant au cœur de sa position officielle dans le dossier d’intégration européenne de la Turquie. (AFP-eafjd, 11 mars 2010)
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