L’éditeur Zarakolu et la sociologue Ersanli ont été arrêtés le 28 octobre 2011 et inculpés le 1er novembre 2011 d’« appartenance à une organisation terroriste armée » pour les conférences qu’ils avaient données à l’Académie Politique du Parti de la Paix et de la Démocratie (BDP), principal parti kurde visé systématiquement par le régime répressif.

Tous deux ont été incarcérés en prison de haute sécurité, comme des milliers d’autres prisonniers politiques. Zarakolu a bénéficié depuis le 10 avril dernier d’une libération conditionnelle dans l’attente de son jugement. Le plus jeune de ses fils, Cihan Deniz Zarakolu, avait également été arrêté à la mi-octobre 2011 pour les mêmes motifs. Ce dernier reste toujours en prison.

Le Procureur public d’Istanbul, Adnan Çimen, avait requis 7,5 à 15 ans de prison contre Ragip Zarakolu et 15 à 22,5 ans d’emprisonnement contre Büsra Ersanli.

Fondateur de l’Association des droits de l’homme [IHD], Ragip Zarakolu est le précurseur, en Turquie, d’un courageux travail de mémoire sur le génocide arménien. Il est aussi un écrivain du journal kurde Özgür Gündem qui est dans la ligne de mire du gouvernement.

L’usage abusif de la loi anti-terroriste et la campagne de répression lancée en 2009 sous le nom d’ « opérations KCK » permettent à l’Etat turc de museler ceux qui luttent pacifiquement pour les droits des Kurdes, pour la reconnaissance officielle du génocide arménien, ou pour dénoncer l’emprise de la confrérie islamiste de Fethullah Gülen sur le gouvernement AKP.

Plus de 8 mille membres actifs du BDP dont 35 maires et six députés sont actuellement en prison dans le cadre de cette affaire. Chaque semaine des dizaines d’autres personnes s’ajoutent à cette liste.

Le BDP appelle à participer massivement au procès qui se tiendra le 2 juillet pour « crier que ces arrestations sont politiques et demander leur libération immédiate ».

« Il s’agit d’un procès purement politique. Les droits du peuple kurdes sont jugés dans ce procès » a dit Asiye Kolcak, une responsable du parti kurde.

«Le fascisme d’AKP, parti au pouvoir, veut réduire au silence toute opposition. C’est le gouvernement AKP qui commet des crimes » a-t-elle ajouté Sebahat Tuncel, députée BDP, lors d’une conférence à Istanbul.

Le Collectif VAN (Vigilance Arménienne contre le Négationnisme) rappelle de son coté  que Ragip Zarakolu est l’un des partenaires turcs des Journées annuelles de sensibilisation aux génocides et à leur négation, organisées par l’association chaque mois d’avril sur le Parvis de Notre-Dame de Paris. « Nous saluons le courage de ce militant des droits de l’homme et appelons à le soutenir dans les épreuves que lui inflige la Justice turque » affirme l’association.

L’association affirme que Ragip Zarakolu sera peut-être en prison lorsqu’il recevra ce prix, à l’instar d’Aung San Suu Kyi, l’opposante birmane célébrée aujourd’hui à Paris.

Plusieurs personnalités et institutions étrangères (ONG des droits de l’homme, avocats, Pen Club, RSF) sont attendues à Silivri.

Lieu du procès : Campus de Silivri – Silivri – Turquie
Date : le 2 juillet 2012 à 9h du matin

(actukurde.fr – Collective VAN, 28 juin 2012)

Cliquez pour les articles d’Info-Türk sur le procès Zarakolu:

en novembre 2011
en décembre 2011
en janvier 2012
en février 2012
en mars 2012
en avril 2012

Mai 2012:

Zarakolu Receives Presidential Award from Sarkisian in Yerevan
Sur la libération conditionnelle pour Ragip Zarakolu – Erol Özkoray
Ragip Zarakolu Prix international de la Liberté
Jeri Laber International Freedom to Publish Award to Zarakolu

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