44 ! c’est le chiffre des tués ; le chiffre est important ; il ne s’agit pas de mouches qu’on a écrasées ni de poissons qu’on a pêché pour se nourrir, mais d’êtres humains qui avaient le droit de vivre en paix, comme tout être humain, sous la garantie d’un système, soi-disant, démocratique.

Malheureusement quant il s’agis des Kurdes les critères de vie ne sont pas valables. 44 personnes tuées étaient kurdes ! Alors, quand il s’agit de Kurdes, la Turquie, l’Iran, l’Irak de Saddam Hussein et la Syrie les ont toujours considérés comme de vils outils, et les villageois de Bilge étaient de ceux-là. Depuis 1987, l’Etat turc a armé les "protecteurs" (!) contre leurs frères, les Kurdes patriotes, sans nécessité qu’il vaille protection, mais pour éradiquer la culture kurde; et ce système est toujours en vigueur, n’en déplaise à ceux qui parlent de progrès dont la Turquie ferait preuve dans le cadre des négociations pour son adhésion à l’Union européenne.

44 !, dont 16 femmes et 6 enfants, mitraillés par des hommes masqués et lourdement armés lors d’une cérémonie de mariage célébrée dans le village de Bilge ; une douzaine de personnes ont été arrêtées et écrouées.

Les armes utilisées dans ce massacre appartiennent à l’état turc. Dans quels pays sommes – nous où l’Etat arme de telles milices ?. Ce n’est pas un cas isolé, dans les dix dernières années plus de 5.000 "protecteurs de village" ont été inculpés par des tribunaux turcs et près d’un millier d’entre eux ont été poursuivis et condamnés.

L’Etat turc, dont la responsabilité est engagée, de façon lourde et patente, ne peut se dédouaner en évoquant les traditions arriérées de la région : le village de Bilge est, en effet, sous contrôle de la sûreté d’Etat depuis 1984, date à laquelle on a enrôlé les hommes de ce village dont ces milices qui ont pris des armes entre leurs mains. Et pourquoi? Pour combattre leurs frères qui luttent pour la liberté du peuple kurde et la démocratisation de la Turquie.

Ce que je voie actuellement, tous les efforts des autorités turques sont montrés pour cacher leur responsabilité. C’est pourquoi il est bien important de dire que l’état turc ne peut pas se laver les mains en considérant cette cruauté comme une suite de la tradition arriérée de la région.

Depuis 1987, l’Etat turc dépense, chaque année, plusieurs dizaines de millions de dollars pour financer la solde et l’armement d’environ 60.000 "protecteurs de village" qu’il a recrutés, au grand dam des organisations des droits de l’homme en Turquie qui dénoncent le traitement en faveur accordé à ces gardiens de village et qui demandent l’abandon de ce système. Je veux rappeler ici que, les premiers buts de ces gardiens de village étaient ceux qui luttent pour la liberté du peuple kurde et les droits démocratiques dans la région. Mais ce but peut toujours être différent et qu’il se trouve d’autres cible à confronter.

Depuis 1987 l’Etat turc finance un nombre environ de 60.000 civils mais armés kurdes payés chaque année à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars. Depuis le début du système des protecteurs de village les Kurdes et les organisations des droits de l’homme en Turquie demandent l’abandon de ce système. Contre toute demande humanitaire l’état turc ne cesse pas à multiplier le nombre des protecteurs de village. Même à l’heure actuelle on cherche à forcer les pauvres Kurdes de prendre l’arme et partager le même destin que les autres.

Ce n’est pas simplement les Kurdes qui contestent ce système, mais aussi les organisations de défense des droits de l’homme, comme Human Rights Watch (HRW) et la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) qui ont aussi appelé les autorités turques à dissoudre ce système. Malheureusement, comme chaque foi, les autorités turques ont bouché leurs oreilles à toute pression nationale et internationale dans ce sans.

En fin, il est impossible de considérer cette cruauté comme un événement lié aux traditions claniques. Si on le considère comme un événement lié aux traditions claniques, ceci peut faire ignorer ce système criminel de l’Etat turc. Ainsi, avec un tel jugement ces massacreurs peuvent avoir le courage afin de faire d’autres massacres.

Ainsi, imputer ce massacre aux traditions claniques est une imposture ; il faut dire haut et fort que le responsable de ce massacre est le système criminel de ces gardiens de village qui terrorise, et ce, depuis des années, la population kurde.

Imputer ce massacre aux traditions claniques, c’est encourager les assassins à récidiver.

 Ahmet DERE  /  21.05.2009

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