La notion intitulée « Le Projet d’Ouverture Démocratique », qui est à l’ordre du jour de la Turquie et qui est largement débattue depuis le mois de mai de cette année, ne peut concerner uniquement ce pays. Toutes les évolutions concernant le sujet, évoluent en tant que partie intégrante de la conjoncture internationale. Même, il serait encore plus réaliste de dire que toutes les évolutions, en l’espèce, sont le résultat des contraintes de la conjoncture internationale.
Nous savons que les évolutions de notre continent concernent de près la Turquie et l’obligent à un changement sérieux. La question kurde étant la barrière la plus importante devant tous les changements imposés, sa résolution s’avère comme une solution adéquate nécessairement. De ce fait, aucune notion constituant une barrière, qu’elle ait comme source l’Etat ou bien qu’elle soit issue des kurdes, ne peut influencer négativement le processus en évolution.
Dans un sens large, lorsqu’on observe les conditions conjoncturelles de la Turquie, on observe aussi que la question kurde semble s’orienter de plus en plus vers une solution durable. Néanmoins, cette évolution se concrétisera ni selon la volonté de l’Etat ni totalement conforme aux souhaits des Kurdes. Autant que mes observations personnelles me le permettent, seulement une solution contrôlée par les puissances internationales, et plus spécifiquement par les USA et l’UE, sera adoptée. Comme l’évoquent ses autorités, la Turquie n’est pas indépendante concernant chaque sujet et elle ne peut l’être. A ce titre, l’Union européenne suit de près toutes les évolutions en Turquie et les orientes avec une méthode diplomatique. En conséquence, le rôle de l’UE a été déterminant dans toutes les évolutions survenues depuis le mois de mai. Par là, je ne veux pas dire que les Européens ont œuvrés pour une meilleure évolution, personne ne sait encore jusqu’à quel degré va évoluer le processus présent. Ici, j’insiste seulement sur le rôle important de l’UE.
Les responsables d’AKP présentent l’Ouverture Démocratique, sujet des débats, comme un projet de l’Etat. Personnellement je n’y crois pas. En effet, je ne trouve aucune notion logique et raisonnable susceptible de me convaincre. Néanmoins, l’Etat turc est obligé de s’approprier ce projet afin de le faire accepter par l’opinion publique; toute autre action reste en dehors de champs de capacité. Sinon, il ne pourrait se défendre face à l’opposition et plus particulièrement face au parti raciste CHP et son allié le MHP.
Si on doit s’interroger sur la solution issue de la conjoncture internationale, avant tout, il est important de souligner que la lutte de libération menée par le peuple kurde depuis les années 1980, s’est imposée. Dorénavant, aucune puissance ne peut renier la réalité kurde comme cela était le cas dans le passé, aucune ne peut concrétiser ses plans et projets d’anéantissement. Il est impossible désormais de considérer comme inexistant la langue kurde même si celle-ci a marqué une petite évolution. De la même manière, il est inconcevable de reprendre les places de bases occupées par les Kurdes dans les administrations locales. En effet, ces valeurs sont résultent, en même temps, des conventions internationales. En Europe, il existe de nombreuses organisations civiles populaires qui ont lutté en faveurs de celles-ci. En conséquent, en ce qui concerne ces sujets, on en est arrivé au point de non retour.
Et maintenant, que va-t-il se passer après ? A mon avis, l’AKP va de plus en plus intensifier ses efforts afin de turquiser la formule dite solution « passive » imposée par la conjoncture internationale. Tout en supprimant les barrières quand à l’utilisation de la langue kurde, il va accorder de plus larges possibilités à l’emploi de celle-ci tant dans les administrations étatiques qu’aux télévisions et radios privées et publiques. Cependant, la reconnaissance de la langue kurde comme une langue officielle ne me semble pas possible. Par ailleurs, il sera procédé à des mesures réglementaires permettant aux guérilleros de déposer les armes et aux Kurdes recherchés et se trouvant à l’étranger un retour libre. Néanmoins, je ne pense pas que la question du service militaire sera intégrée dans ce projet. Alors que celle-ci se dressera comme une sérieuse barrière pour le retour des Kurdes résidants en Europe. De fait, la diaspora kurde de l’Europe poursuivra dans son statut de réfugié. Autrement dit, il ne sera pas permis aux intellectuels figurant parmi ces derniers d’exercer librement la politique en Turquie. En l’espèce, le champ de la patience de la Turquie est relativement restreint.
Dans les cas de figures cités ci-dessus, il semble impossible de ne pas avancer des pas décisifs. En effet, tant la conjoncture internationale que la situation en Turquie rendent obligatoire ces démarches.
Les Kurdes se satisferont-ils avec ces pas ? Certainement pas. Cependant, voyons les choses en face ; nous savons que le concept d’un Kurdistan « libre et démocratique », pour lequel les kurdes ont mené la lutte dans les années 1980 – 1990, n’est plus réaliste de nos jours.
Désormais, les Kurdes abordent leurs revendications de manière réaliste. Mais, ceci ne veut en aucun cas supposer qu’ils accepteront et se satisferont de ceux que l’on leur présentera. Désormais, la question kurde est un problème planétaire en voie de mondialisation. Il est inconcevable de le résoudre en dehors d’une solution imposée par ce contexte. Par conséquent, les puissances internationales, plus particulièrement l’Union européenne, doivent intégrer ce processus et œuvrer pour une solution démocratique à cette question.
18.11.2009