Madame la Ministre,

 

Nous venons d’apprendre avec indignation que Bahar Kimyongür, chercheur primé par notre fondation en 2008 pour son travail intitulé “l’impact des coups d’état militaires de 1971 et 1980 sur l’exode de Turquie vers l’étranger”, a été incarcéré à Bergame sur demande de la Turquie, qui exige son extradition. 

 

Il s’agit d’un nouvel acte inacceptable à l’encontre d’un opposant du régime répressif d’Ankara, fomenté par les services obscures du pays d’origine et des pays européens. 

 

Il s’agit également d’une honte pour les instances européennes de ne pas intervenir alors que la terreur du pouvoir islamiste contre le peuple de ce pays “candidat à l’Union européenne” a atteint un degré insupportable notamment lors de la résistance de Taksim.

 

Rappelons que Bahar Kimyongür a été primé par un jury présidé par l’historienne Anne Morelli (ULB) et le sénateur-journaliste Josy Dubié le 12 mars 2008 lors d’une cérémonie organisée par des organisations, arménienne, assyrienne, kurde et turque, issues de l’émigration politique en provenance de Turquie, à l’occasion du 37e anniversaire du coup d’état militaire de 1971.

 

Le concours portait sur l’impact des régimes répressifs sur l’émigration politique.

 

Il est important que vous sachiez que depuis plus d’une décennie, Bahar Kimyongür subit un véritable harcèlement de la part de l’État turc. Ce harcèlement s’est manifesté d’abord en Belgique. Pourtant, au terme de quatre procès et de deux cassations, Bahar Kimyongür a été totalement « blanchi », acquitté par la Cour d’appel de Bruxelles.

 

La Turquie a aussi fait pression sur les Pays-Bas mais la Chambre d’extradition de La Haye a refusé, dès 2006, son extradition. Sur base du même mandat d’arrêt international délivré par la Turquie, c’est ensuite durant ses vacances en Espagne que Monsieur Kimyongür a été interpellé, le 17 juin dernier. Ce pays, même si la procédure d’extradition y est toujours en cours, l’a cependant, très rapidement, remis en liberté.

 

Désormais, c’est en Italie que Bahar Kimyongür continue d’être persécuté par Ankara. Or, il est essentiel que cet acharnement cesse car, comme le soulignent les décisions belges et hollandaise, Bahar Kimyongür n’a commis aucun acte de violence, aucun délit. Ce qui pose en réalité problème à la Turquie, ce sont ses prises de position critiques, ses écrits -dans lesquels il s’oppose à la politique d’Ankara-, ses déclarations -dans lesquelles il dénonce courageusement les violations des droits de l’homme et les cas de torture dans les prisons turques-.

 

Madame la Ministre, 

 

L’Italie compte un prisonnier politique ! Dans votre pays, un citoyen belge est actuellement emprisonné pour ses opinions. Cette situation est insupportable. 

 

Toutefois, dans les cinq jours qui viennent, l’Italie doit statuer sur la demande de remise en liberté de Bahar Kimyongür, introduite par Maître Federico Romoli. C’est la raison pour laquelle je me permets, au nom de la liberté d’expression, de vous écrire afin de vous encourager à entreprendre toutes les démarches nécessaires à la libération immédiate de Bahar Kimyongür.

 

Veuillez agréer, Madame la Ministre, mes salutations les plus distinguées.

 

Dogan Özgüden

Rédacteur en chef

Bruxelles, le 3 décembre 2013

 

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