1. Situation humanitaire

Les villes kurdes de Syrie accueillent des centaines de milliers de réfugiés fuyant les violences. Ceux-ci s’entassent dans des villes comme Afrin où la situation est préoccupante : les routes qui y mènent sont bloquées par les djihadistes de Jabhat al Nosra qui  affament la population. Les enfants manquent de tout, de lait, de médicaments,.. Aucune aide internationale n’arrive là-bas. Les Kurdes se solidarisent et envoient de l’aide, mais elle est largement insuffisante par rapport aux besoins de la population.

2. Situation politique et militaire.

Dans chaque ville et village kurde, ainsi que dans les quartiers kurdes d’Alep, les Kurdes ont procédé à la mise en place de comités de gestion participative ( Majlis) ou des élus arabes ainsi que des membres de chaque minorité qui y habitent, participent à cet échelon fondamental de démocratie locale.

Au niveau de la région kurde de Syrie, les différents partis politiques kurdes se sont rassemblés depuis la réunion d’Arbil en Irak en 2012 en Haut Conseil Kurde pour répondre aux différents besoins de la population en ces temps de guerre. Différents comités portant sur les différents aspects de la vie des Kurdes ont ainsi été créés, concernant les questions d’aide alimentaire, de sécurité ou encore de diplomatie. Le seul parti à refuser d’y prendre place est le PDK d’ Abdelhakim Bachar.

Le Haut Conseil Kurde a mis sur pied une milice populaire, les YPG, dont la seule fonction est de défendre les villes et villages kurdes des intrusions hostiles de l’armée régulière et des groupes islamistes. Les YPG se positionnent donc sur les routes qui donnent accès aux territoires kurdes. Ce 13 juin, les YPG ont également dû refouler une incursion de soldats turcs qui ont essayé de prendre en étau, conjointement avec des groupes islamistes qui collaborent activement avec le gouvernement turc, le village de Melakhalil, à côté d’Afrin.

L’incursion a eu valeur de test de résistance des miliciens  kurdes et n’a duré que quelques heures. Cet événement, passé inaperçu dans la presse internationale, met cependant en lumière les liens étroits que l’AKP noue avec les groupes djihadistes afin de propager la guerre dans le Kurdistan syrien.

Alep, les YPG ont collaboré avec l’Armée libre afin de contenir les assauts des troupes régulières. A Serikanyé, par contre, on a connu des combats très violents entre l’Armée libre et les YPG. D’une manière générale, les islamistes, instrumentalisés par la Turquie, souhaitent emporter les régions kurdes dans la guerre.

La propagande selon laquelle le PYD collabore avec le régime est ainsi complaisamment répétée, afin de justifier ces agressions.

Tous les observateurs avisés qui connaissent la souffrance des Kurdes sous le régime alBaath ne peuvent qu’être choqués de ces prétendus accords.

De toutes leurs forces, les Kurdes veulent faire entendre leur point de vue, qui est celui de la troisième voie : ni alBaath, ni islamistes, mais un projet de démocratie locale. Ce projet ainsi que sa concrétisation dans la création des majlis intéresse d’ailleurs de nombreux arabes qui sollicitent l’aide des kurdes pour mettre sur pied des instances similaires dans leurs villages, comme à Skeriate, Zyarat ou Hadade.

Les YPG dépendent du Haut Conseil Kurde, mais cette milice est ouverte à tous ceux qui souhaitent défendre la région, et de nombreux arabes dégoûtés tant par le radicalisme islamiste que par les horreurs du régime, les ont d’ailleurs rejoint.

Le YPG n’est donc pas le bras armé du PYD comme le laissent entendre les raccourcis de la presse. C’est une milice populaire ouverte à tous, sous le contrôle politique d’une institution où presque tous les partis sont représentés et ont leur mot à dire. A Sérikanye, de nombreux arabes sont d’ailleurs tombés aux côtés de leurs camarades kurdes.

A l’intérieur des villes kurdes, un service d’ordre a également été créé : les Asayish. Ils remplissent un rôle de simple police pour sécuriser les régions de l’intérieur.

Perspectives

Le Haut Conseil Kurde a obtenu le feu vert des grandes puissances pour siéger indépendamment à la conférence de Genève 2. On sait aussi que le PYD collabore avec le CNCD d’Aytham Mannah, qui depuis le début de la Révolution, oppose son triple Non : non à la confessionnalisation du conflit, non à une intervention étrangère, non à la militarisation et à l’armement des factions en présence. Un appel plein de bon sens mais qui ne recueille qu’un faible écho comparé aux rodomontades de la Coalition Nationale Syrienne.

Les Kurdes souhaitent la cessation des violences, la création d’un système fédéral permettant la participation, de toutes les composantes de la société syrienne au pouvoir et le maintien des frontières existantes. Leur rejet tant du régime que de l’Islam politique devraient en toute logique en faire des interlocuteurs de choix des démocraties occidentales, d’autant plus que leur modèle est transposable à l’ensemble du pays. Nous espérons que dans le futur, leurs revendications et leurs appels à la paix et au développement seront entendus.

juin 2013

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