La réalité en est que, dans la décennie à venir, les kurdes, en tant que véritables éléments de la Turquie, seront mieux intégrés dans les valeurs européennes. Par conséquent, toutes les évolutions au sein de l’Union européen concernent en particulier ces derniers de plus près. De facto, le Kurdistan et la société kurde, disposant d’une position stratégique entre l’Europe, auront un rôle prépondérant dans cet axe. Jusqu’à présent, les kurdes résidants en Europe et qui ne se considéraient pas comme une entité de cette institution, n’ont pas joui de multiples possibilités.

Dans l’avenir cette tendance sera inversée. La concentration de la communauté en Europe démontre qu’ils en sont désormais une réalité indéniable. On peut évoquer aisément les incompatibilités et les situations qui relèvent de contrariété entre la Turquie et l’UE. Quand bien même les petits pas avancés, dans les dernières années sous la pseudo " démocratisation " soient considérés comme une évolution positive par certains milieux, néanmoins, on sait qu’en réalité que cette marge d’évolution est relativement restreinte. Malgré l’atmosphère optimiste provoquée depuis 2005, par l’ouverture du  processus de négociations, la Turquie, en aucun cas n’a abandonné sa politique classique et sa mentalité militariste. Suivant les événements en cours en Turquie et au Kurdistan, on se rend compte avec facilité que tous les efforts dispensés par le pays, dans la perspective de se rapprocher de l’UE, sont des actions artificielles et dépourvues de tout contenu. De même, les modifications constitutionnelles, entreprises sous le nom de " paquet de conformité à l’UE ", n’ont pu aller au-delà de simple formalité artificielle.

Quelles que soient les modifications, la constitution de la Turquie est toujours dominée par la mentalité du régime militaire du 12 Septembre. Par conséquence, le kémalisme et la mentalité militariste dominent tous les mécanismes de l’Etat turc. Personne ne peut défendre un aspect conforme à la civilisation contemporaine, ni au niveau de sa constitution, ni au niveau de son système étatique. De fait, tant que le Kémalisme et la mentalité militariste n’auront pas été franchis, on en peut, en aucun cas, prétendre à l’instauration d’une mentalité et d’un système sains. Pour que la Turquie puisse intégrer à l’Union Européenne, il est nécessaire pour elle, avant tout de réaliser un sérieux changement de mentalité. Que l’on soit partisan ou pas, une union saine avec l’Europe sera bénéfique en ce qui concerne la démocratisation de la Turquie. Néanmoins, n’oublions pas que, dans le pays le nombre de ceux qui pensent le contraire est relativement important. En l’occurrence, il s’agit des opposants aux droits de l’homme : ceux qui tirent bénéfices de la guerre et des situations chaotiques. En effet, un système rentier institutionnalisé est instauré dans ce pays depuis des siècles. Le changement de ce système est dont inconcevable avec des modifications artificielles. Par conséquent, la conformité de la Turquie aux critères de l’UE peut demander des années, voire des décennies. En effet, plus particulièrement durant les deux dernières années, on ne peut évoquer aucune évolution susceptible d’être sérieuse.

En tant que l’une des barrières la plus importante devant la démocratisation de la Turquie, le militarisme persiste encore dans sa pérennité. D’autant plus, alors qu’en cette période l’influence de l’armée devrait être diminuée, l’armée demande beaucoup plus d’autorité. Source d’inquiétude, cette situation est constatée et critiquée par différents milieux européens. L’alliance du gouvernement AKP avec l’armée ne fait qu’attiser ces inquiétudes. Ce constat semblerait à ralentir et même handicaper sérieusement le processus des négociations l’UE-Turquie.

En cette période difficile et contradictoire entre les deux protagonistes, la position des kurdes nécessite d’être abordée de plus près. Je pense que ceci est débattu, petit à petit par certains responsables européens derrière les portes closes. D’où, plus particulièrement durant les deux dernières années, on remarque une nette évolution dans les observations des responsables européennes en ce qui concerne la situation des kurdes. Il peut être question d’avancées plus conséquentes pendant les années de 2009 et 2010. Entre temps, de leur coté, les Kurdes doivent marquer une évolution dans leurs différentes activités, formuler plus concrètement leurs revendications et les faire transmettre aux instances compétentes de l’UE.

Malheureusement, dans une telle période historique, l’attitude officielle turque se distingue négativement. De nature provocante et dérangeante, la déclaration d’Erdogan à Hakkari, en 2008 : " soit tu aimes, ou tu quittes " a fait l’objet de nombreuses critiques tant en Turquie qu’en Europe. Dans le rapport annuel de la Commission Européenne un paragraphe a été accordé à cette notion qui a fait l’objet de larges débats depuis lors. Malgré de multiples faits et évolutions négatifs en Turquie, le mouvement démocratique kurde entre dans sa phase de résolution. De manière générale, tous les événements qui se déroulent sur la scène international et plus particulièrement au Kurdistan et en Turquie, démontrent que dorénavant plus rien ne sera comme avant. En tant que notions archaïques, toutes les attitudes consistantes à restreindre la libre existence des peuples et des communautés, sont désormais dépassées. Dans un tel tournant historique,  le peuple kurde souhaite disposer librement de sa place parmi les peuples du monde.

Dans cette perspective, notre peuple a marqué un net avancement à travers la lutte qu’il a livré pendant la période de trente dernières années. Par conséquence, à travers leurs actions, les Kurdes démontrent qu’ils optent pour un choix contemporain et civilisé ; celui de vivre librement dans leur pays et d’évoluer avec les autres populations sur le même pied d’égalité. Nous savons que ces revendications démocratiques et contemporaines sont suivies de près par les milieux européens.

Ahmet DERE  /  08.02.2009

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