Quinze partis ont participé à ces élections pour 7.695 candidats, y compris les indépendants. Le Parti de la justice et du développement (AKP) du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002, a remporté 49,93 % des voix contre 46 % en 2007, s’assurant une troisième législature consécutive, mais il a perdu des sièges, 325 contre 344 en 2007. Ce résultat ne conforte pas Erdogan afin de réaliser ses projets, notamment une nouvelle constitution et le système présidentiel, sans consensus avec l’opposition, malgré sa victoire écrasante.

Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) est venu en deuxième position avec 25,93% des voix (135 sièges) contre 20,88%, suivie des nationalistes du MHP (Parti de l’action nationaliste) avec 13,02% (54 sièges) contre 14,27%. Le seul parti qui a augmenté ses sièges est le CHP, a déclaré Kemal Kilicdaroglu, le chef de l’opposition social-démocrate, alors que ce parti tablait autour de 30 % des voix.

LE BLOC KURDE A REMPORTÉ 36 SIÈGES

Les candidats indépendants du Bloc « Travail, Démocratie et Liberté », soutenu par le principale parti kurde BDP, est le premier gagnant du scrutin, envoyant 36 candidats (6,63% contre 5,24 %) au parlement contre 22 en 2007. Parmi eux figurent Leyla Zana, prix de Sakharov et Hatip Dicle, actuellement en prison, mais aussi Ertugrul Kurkcu, un leader du mouvement étudiant de 1968.

Selon les résultats le Bloc a gagné dans 17 villes : Diyarbakir (6 sur 6), Hakkari (3 sur 3), Sirnak (3 sur 3), Mardin (3 sur 3), Van (4 sur 4), Istanbul (3 sur 3), Batman (2 sur 2), Mus (2 sur 2), Urfa (1), Mersin (1), Siirt (1), Bitlis (1), Agri (1), Igdir (1), Bingol (1), Adana (1), Kars (1).

Le BDP a du présenter des candidats indépendants pour contourner le seuil électoral de 10 % des voix sur le plan national, afin d’obtenir une représentation au Parlement. Ce seuil qui est l’un des plus élevés au monde est pour but d’empêcher les kurdes d’entrer au parlement.

AKP ESSUIE UN SÉRIEUX REVERS DANS LES VILLES KURDES

Comme après les élections précédentes, le BDP formera un groupe au parlement, devenant une force incontournable pour la question kurde. La victoire kurde signifie également l’échec du gouvernement AKP dans sa politique d’ouverture, transformée en violation grave des droits de l’homme. Le premier ministre turc avait qualifié le BDP de « terroriste » et avait défendu la peine de mort en déclarant «Si c’était nous, nous aurions pendu Ocalan», commentant la peine d’emprisonnement à vie du leader kurde Abdullah Ocalan, lors de la campagne électorale.

L’AKP essuie un grand revers dans plusieurs villes kurdes, notamment à Diyarbakir, Mardin, Sirnak, Agri, Van, Bitlis, Kars et à Siirt. Cependant, le BDP a augmenté ses voix dans toutes les villes où il a présenté des candidats indépendants, sauf à Dersim (Tunceli).

FRAUDES

Des fraudes massives et violations des droits de vote ont été constatées à travers le pays, notamment dans la région kurde. Plusieurs délégations européennes ont également suivi le déroulement du scrutin au Kurdistan de Turquie. La présence des forces de l’ordre dans les bureaux de vote a été dénoncée par les délégations kurdes et européennes.

Les électeurs se sont vu obliger de voter ouvertement en présence des soldats dans plusieurs villages de Diyarbakir, Bitlis, Konya, Ardahan, Van, Urfa et de Bingol. De nombreux bulletins de vote portanat un cachet pour le parti AKP a été trouvé dans des villes comme Istanbul et Izmir.

UNE CAMPAGNE INÉQUITABLE ET NON TRANSPARENTE

La campagne a été très inéquitable pour les candidats indépendants kurdes, alors que l’AKP a mené une campagne dont le cout est inestimable et non transparent avec des affiches partout, des spots sur tous les écrans des télévisions, une armée médiatique quotidienne, appuyé par les intimidations policières.

Le BDP a été le seul parti qui n’a pas bénéficié des fonds publics pour sa campagne électorale alors qu’il formait un groupe au sein de parlement turc.

Pendant la campagne électorale des candidats indépendants, la police a semé la terreur sur les kurdes, les medias pro-gouvernementaux n’ont pas cessés de publier des fausses informations sur le BDP pour le but de criminaliser, le premier ministre turc a menacé sans arrêts et a tenté d’intimider toute opposition.

Plus de 5 000 personnes, dont environ 2 550 dans les 53 derniers jours, ont été arrêtées par la police, empêchant la campagne des candidats kurdes.

En outre, le Haut conseil électoral (YSK) avait annulé le 18 avril la candidature de sept candidats indépendants, dont Leyla Zana, présentés par le BDP pour les législatives, mais cette décision qui avait suscité la colère des kurdes avait finalement été annulée pour six d’entre eux.
 
ADANA: MURAT BOZLAK
AGRI: HALIL AKSOY
BATMAN: BENGI YILDIZ – AYLA AKAT ATA
BINGÖL: IDRIS BALUKEN
BITLIS: HÜSAMETTIN ZENDERLIOGLU
DIYARBAKIR: LEYLA ZANA – HATIP DICLE – EMINE AYNA – NURSEL AYDOGAN – ALTAN TAN
– SERAFETTIN ELÇI
HAKKARI: SELAHATTIN DEMIRTAS – ADIL KURT – ESAT CANAN
IGDIR: PERVIN BULDAN
ISTANBUL: LEVENT TÜZEL – SIRRI SÜREYYA ÖNDER – SEBAHAT TUNCEL
KARS: MÜLKIYE BIRTANE
MERSIN: ERTUGRUL KÜRKÇÜ
MARDIN: AHMET TÜRK – GÜLSER YILDIRIM – EROL DORA
MUS: SIRRI SAKIK – DEMIR ÇELIK
SIIRT: GÜLTAN KISANAK
SIRNAK: HASIP KAPLAN – SELMA IRMAK – FAYSAL SARIYILDIZ
URFA: IBRAHIM BINICI – IBRAHIM AYHAN
VAN: KEMAL AKTAS – ÖZDAL ÜÇER – NAZMI GÜR – AYSEL TUGLUK

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