La prière collective, encadrée par des policiers, a été organisée par le Parti de l’action nationaliste (MHP) dans la cathédrale Sainte Vierge d’Ani, la capitale en ruine d’un royaume médiéval arménien situé près de Kars, non loin de la frontière avec l’Arménie.

Le chef de ce parti, le troisième en nombre au Parlement turc, Devlet Bahçeli, a assisté au service religieux dans ce bâtiment datant du début du XIe siècle, très endommagé par le temps.

Un énorme drapeau turc flottait sur l’édifice.

Il s’agissait effectivement de la profanation d’un lieu historique du peuple arménien.

Jean Eckian d’Armenews écrit: "C’est dans un désordre total, sous les cris de "Allah Akbar" et les signes des "Loups gris", qu’un long cortège s’est dirigé, aujourd’hui, vers la cathédrale historique du peuple arménien, avec à sa tête le président du parti d’opposition en Turquie du "Mouvement Nationaliste" Devlet Bahceli. La mise en scène théâtrale fait penser plus à une injure envers les Arméniens et un satisfecit de la "chose accomplie", plutôt qu’à un recueillement pacifique. Il est vrai que cette mascarade n’avait pour seul objet de protester contre la lithurgie Divine du 19 septembre à l’église Sainte-Croix d’Aghtamar à Van. Hier, les autorités turques ont officiellement autorisé Bahceli et les membres de son parti à "prier" dans les ruines d’Ani. Sur la gauche et à la droite de l’entrée de la cathédrale, sont inscrits en caractères arabes, les mots Mahomet et Allah . Plusieurs chaînes de télévision ont couvert l’événement, dont celles de l’Azerbaïdjan. Une honte qui n’aurait jamais dû être autorisée."
La Cathédrale Ani de la Sainte Vierge est l’œuvre de l’architecte arménien Trdat. Sa construction a commencé en 989 après JC, par ordre du roi arménien Smbat II (977-89), et a été achevé en 1001 quand les Turcs Seldjoukides envahirent Ani. Convertie en mosquée, et par la suite rebaptisé Fethiye Camii (Mosquée de la Conquête). En 1124, elle a été restituée à leurs propriétaires chrétiens. Cependant, en 1319, un tremblement de terre a provoqué l’effondrement de son dôme, qui pourrait avoir causé la fin de son utilisation formelle. (AFP-Armenews, 1 oct 2010)
L’église d’Arménie condamne la prière de nationalistes turcs dans une ex-cathédrale

L’Eglise apostolique d’Arménie a condamné samedi la tenue d’une prière musulmane de centaines de nationalistes turcs organisée dans une ancienne cathédrale arménienne dans l’est de la Turquie.

"Nous avons appris avec indignation qu’avec la permission des autorités turques, des membres du Parti de l’action nationaliste avaient organisé une prière musulmane à l’église arménienne d’Ani," indique un communiqué du patriarcat d’Etchmiadzin, siège de l’église apostolique arménienne.

"Cette initiative est une provocation politique qui n’a rien à avoir avec les sentiments religieux ou la liberté de culte", poursuit l’Eglise d’Arménie qui "condmane de telles actions".  (AFP, 2 oct 2010)

Le communiqué du CCAF: Provocation des nationalistes turcs

Le Conseil de Coordination des organisations Arméniennes de France (CCAF) exprime son indignation à la suite de la provocation antiarménienne qui a eu lieu dans la cathédrale sainte vierge du site hautement symbolique d’Ani ( ancienne capitale médiévale de l’Arménie dont la France avait demandé l’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO). En donnant l’autorisation au MHP, parti d’extrême droite branche légale des «Loups gris», de tenir une "prière" musulmane dans ce haut lieu de l’histoire de l’Arménie et du christianisme, les autorités turques se sont une nouvelle fois prêté à une instrumentalisation explosive des sentiments religieux à des fins nationalistes Le chef du MHP, Devlet Bahceli, a en effet justifié cette "prière" en forme de manifestation avec force drapeaux et emblèmes de la domination turque, comme un "acte de protestation" contre la messe qui avait été célébrée le 19 septembre en l’église Sainte Croix d’Aghtamar! , après 95 ans d’interdit.

Le CCAF dénonce cette nouvelle provocation qui s’inscrit dans la droite ligne de la politique d’anéantissement poursuivit depuis plus d’un siècle par les autorités turques contre le monde arménien et qui a atteint son point d’orgue avec le génocide de 1915, à l’encontre duquel elles poursuivent leurs menées négationnistes.

Nous appelons les autorités françaises ainsi que tous les défenseurs de droits de l’homme et de la démocratie en Turquie à condamner cette agression ouverte et cette profanation à l’encontre d’un des édifices les plus sacrés et les plus prestigieux de l’histoire du peuple arménien.

Une agression qui appelle une relance de la mobilisation et des initiatives politiques contre le fléau de l’ultranationalisme et du négationnisme, expression de l’arménophobie structurelle des pouvoirs turcs successifs, depuis au moins 1915. (www.ccaf.info, 2 oct 2010)
http://www.info-turk.be

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