Le racisme est insupportable pour celui qui le subit , mais il aussi déshonorant pour celui qui le pratique. Le racisme ordinaire, le plus répandu, est perceptible dans tous les actes de la vie sociale,  la plupart du temps, il est insidieux et n’ose pas s’affirmer clairement, mais il n’en est pas moins pernicieux.
Comment nait-il ce racisme ? Il se base sur la haine et la peur, il est fait de mépris, de méfiance et de déni de l’AUTRE. Il peut être ethnique mais aussi social ou sexiste, on se méfie de celui qui est différent. En fait, il est profondément lié à une crainte de perte de privilèges, de traditions, de culture, à un complexe de manque et à une surévaluation de soi. Il empêche de reconnaître l’autre et de l’apprécier dans sa différence, pour sa valeur propre. Dans le système des échelles sociales, l’autre est souvent considéré comme un concurrent qui provoque les problèmes. Dans les moments de crise économique, l’étranger donc l’autre est celui qui va prendre l’emploi parce qu’il se contente de moins.
L’autre peut aussi être l’ennemi qui vit dans une région lointaine qu’on ne connaît pas, il n’est plus personnalisé, il est un groupe, un tout, et même un État qui casse le marché et provoque tous les ennuis que l’on doit subir. Cet autre, on le ressent comme inférieur et même méprisable parce qu’il ne vit pas selon les critères qu’on a défini comme étant supérieurs.
Il ne faut pas oublier le racisme sexiste qui existe dans toutes les sociétés, il est fait de remarques insidieuses et railleuses lancées contre les membres de l’autre sexe: " les hommes sont machos et brutaux ", " les femmes sont futiles et ignorantes ", la liste des a-priori est longue et conforte un indéniable sentiment de supériorité de celui qui dénigre l’autre sexe. En fait, celui qui lance de tels jugements péremptoires est souvent un être faible et peu sûr de lui, critiquer l’autre le réconforte. Cette façon de parler de celui ou de celle qui est différent est vraiment facile et la plupart du temps ridicule, celui qui émet cette sorte de jugement limité se déshonore lui-même, mais il ne s’en rend pas compte. 

La plupart des problèmes que vit la planète sont liés au racisme ordinaire même s’ils prennent officiellement d’autres couleurs. La situation tragique des Kurdes y est liée car ils le subissent de la part de l’État turc. Cette situation a débuté dès la création de la Turquie par Mustafa Kemal qui a provoqué l’émergence d’un nationalisme exacerbé. S’il est évident qu’il fallait reconstruire le mental du peuple turc qui avait été laminé par des formules avilissantes couramment utilisées telles : " Tête de Turc " à connotation nettement péjorative. Il est tout aussi évident que cet effort de revalorisation s’est fait au détriment des autres ethnies qui peuplaient la Turquie. Déjà la montée du racisme liée au mouvement des " Jeunes Turcs " au début du XXe siècle avait provoqué le génocide arménien toujours nié par la Turquie. C’est dans un Empire ottoman en pleine décadence qu’il eut lieu et fut inspiré par des arguments purement racistes avancés par des hommes tels Enver Pacha. Il allait inspirer celui des juifs par les nazis. Dès la création de la Turquie, les Grecs installés depuis des millénaires en Asie Mineure, donc bien avant l’arrivée des Turcs au XIIe siècle, furent expulsés et envoyés en Grèce en tant qu’éléments étrangers, le prétexte en était que non seulement ils n’étaient pas turcs mais en plus ils étaient chrétiens.

Les Kurdes, descendants des Mèdes et appartenant à l’ethnie indo-iranienne, formaient le groupe non-turc le plus important, depuis des millénaires, ils vivaient au Kurdistan, appelé ainsi depuis le XIIe siècle, soit bien avant que naisse le concept même de Turquie. Depuis la création de la république turque, ils sont victimes d’un racisme meurtrier qui les attaque sur tous les plans qu’ils soient physiques, intellectuels, religieux, linguistiques et économiques. Les Kurdes sont soumis à toutes les railleries, à toutes les injures, à toutes les vindictes de l’État turc. Des moqueries monstrueuses à leur égard sont courantes. Certains guides accompagnant les touristes se permettent des réflexions d’un racisme intolérable vis-à-vis des populations kurdes lors de visites guidées. McDowall, dans son livre :  " A Modern History of the Kurds ", raconte que des écoliers au collège secondaire de Kütahya avait demandé à un Kurde, Mehmet Altunakar : " Où est votre queue ? "
En 1967, Dans le journal " Ötüken ", on pouvait lire: " Les Kurdes n’ont pas les visages d’êtres humains, ils devraient être éradiqués, en particulier par une migration vers l’Afrique où ils pourraient se joindre aux êtres mi-humains mi-animaux qui vivent là-bas " Peut-on atteindre une telle bassesse dans le racisme vis-à-vis des Kurdes et des Africains ? Hélas oui !
Officiellement, ce genre de qualificatif a cessé d’être utilisé, mais dans les faits que ce soit sur le plan économique, intellectuel ou autre, les Kurdes continuent à subir un racisme constant de la part de l’État turc et de ses sbires. Tant qu’il durera, il n’y a aucun espoir pour les Kurdes de vivre en paix en Turquie dans le cadre d’une acceptation mutuelle.

Rappelons que le racisme et universel, il provoque des drames et des conflits incessants, espérons que l’élection d’Obama à la tête de l’État le plus puissant de la planète et ayant eu un passé ségrégationniste, sera une lumière qui éclairera l’humanité. On ne peut pas être un homme dans toute sa dignité si on méprise l’AUTRE.       
 

 

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