L’actuel gouvernement AKP (Parti de la Justice et du Développement, parti musulman conservateur turc) est notamment mis sous pression par l’Union européenne et les Etats-Unis afin de résoudre les 25 années de conflit armé qui oppose l’armée turque aux combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (organisation paramilitaire armée d’obédience marxiste-léniniste et considéré comme terroriste notamment par l’Europe et les Etats-Unis).  Alors que l’Union européenne ne désire pas importé un conflit armé en son sein en poursuivant le processus d’adhésion de ce pays candidat, l’administration américaine de Barack Obama cherche essentiellement à conforter la puissance d’un précieux allié régional qui met à disposition d’importantes bases aériennes au service des militaires américains engagés sur plusieurs fronts contre des combattants fondamentalistes musulmans.

Le plus ridicule dans tout ce cirque c’est l’attitude de la classe politique turque : les médias et les politiciens turcs ont tout fait pour criminaliser Ahmet Türk, le dirigeant du DTP [Parti de la société démocratique, parti pro-kurde], jusqu’à ce que Barack Obama décide de le rencontrer lors de son passage en Turquie. Du coup, le Premier ministre Erdogan s’est senti obligé de dialoguer avec le représentant du seul parti kurde représenté au Parlement turc mais en précisant qu’il agissait en tant que Président de l’AKP et non comme Premier ministre. Tous ces détails me font dire que les dirigeants turcs ne sont pas sincères pour finaliser l’ouverture démocratique pour les Kurdes. J’ai plutôt l’impression qu’Ankara constate l’échec de la solution militaire après plus de 25 années de combat armé dans les montagnes du Kurdistan et que des stratégies économiques et énergétiques sont en train de se mettre en place pour aboutir à une paix“, affirme Derwich Ferho.

La Turquie a signé le 13/07/09 un nouveau projet de gazoduc baptisé “Nabucco” de près de 8 milliards d’euros et une capacité de 31 milliards de mètre cube de gaz visant à permettre, dès 2014, de diversifier les sources d’approvisionnement énergétique de l’Europe pour contrer la domination russe. Ankara vient également de confirmer la poursuite du projet GAP (construction des barages pour générer de l’énergie au détriment des pays voisins en amont des cours d’eaux) ainsi que la création des premières centrales nucléaires sur son territoire.

La paix apportera en effet la sécurité pour les gros investissements mais l’armée turque exprime régulièrement son malaise à propos des réserves pétrolières de Kerkuk et Mossoul en Irak car elle a peur que les Kurdes d’Irak puissent se développer et devenir plus riches que les Turcs grâce au pétrole. En réalité, les deux peuples pourraient collaborer ensemble pour réaliser un grand développement régional mais pour cela il est nécessaire que la Turquie s’engage dans des vrais réformes démocratiques. Je vois 3 conditions pour une paix immédiate : la reconnaissance pleine et entière de l’identité kurde, les Kurdes ne sont pas des Turcs, ils sont Kurdes avec leur langue et leur culture mais il est possible de vivre dans un seul Etat avec plusieurs nationalités ; une forte décentralisation régionale comme en Belgique, les décisions ne doivent pas systématiquement venir d’Ankara pour un projet à Diyarbakir, Agri ou Hakkari et enfin le droit d’avoir une éducation en langue maternelle kurde. L’important n’est pas d’évoquer une structure fédérale ou confédérale, l’important est de pouvoir garantir une égalité des droits sur le plan juridique et pratique pour tout le monde“, conclut le Président de l’Institut kurde de Bruxelles.

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